La connectivité à bord figurait évidemment au coeur de différentes sessions de la journée des conférences dédiée à l’expérience passager qui s’est tenue à Hambourg à la veille de l’ouverture du salon Aircraft Interiors. S’il est encore bien difficile de prédire ce que sera la connectivité d’ici 10 ans, notamment au regard des usages et des applications commerciales, son utilisation va tout simplement exploser dans les prochaines années, portée par une demande de plus en plus pressante des passagers.
Bien entendu, les opérateurs satellitaires Inmarsat et ViaSat ont fait le point sur leurs nouvelles constellations respectives en bande Ka, cette technologie permettant désormais une connectivité à très haut débit avec une couverture qui totalement globale avant la fin de la décennie. Chez Inmarsat, la connectivité en bande Ka est désormais disponible depuis 3 mois, comme l’a rappelé Leo Mondale, Président d’Inmarsat Aviation. Rappelons que c’est cette technologie qui a été choisie par la compagnie Lufthansa pour équiper sa flotte moyen-courrier en Europe.
Les monocouloirs de la compagnie allemande vont ainsi être dotés d’une connectivité beaucoup plus performante que celle qui équipe déjà l’intégralité de sa flotte long-courrier. Pour Alexander Feuersaenger, Directeur de la gestion Produits Cabine et IFEC de Lufthansa, cette innovation a été largement demandée par les passagers. « 40% de nos passagers ont indiqué qu’il serait prêt à voyager davantage avec nous si nous disposions d’une connectivité Internet sur le moyen-courrier » a-t-il annoncé. Il ajoute aussi que l’une des difficultés du service est de le rendre compatible avec une utilisation « Gate-to-Gate », compte tenu de la durée des vols. Il précise aussi que le tout doit fonctionner dans une logique de groupe, les compagnies Austrian et Swiss étant tout aussi concernées.
Lufthansa a été l’une des compagnies précurseurs dans la connectivité avec l’expérience Connexion by Boeing dès 2003. « À l’époque, il ne s’agissait que de fournir un produit supplémentaire aux passagers » ajoute Alexander Feuersaenger qui explique que désormais le but est de pouvoir proposer un service qui va évoluer dans le temps. « On veut des garanties sur les 10 prochaines années, on ne veut pas que le produit soit déjà obsolète dans 2-3 ans » a-t-il ajouté.
Inmarsat et Lufthansa ne veulent en effet plus revivre de précédentes expériences en « surpromettant » les capacités de leurs systèmes. Plus que le haut débit et la vitesse, c’est la fiabilité qui est aujourd’hui le principal critère de sélection. La qualité du service, l’absence de rupture de débit dans la transition entre deux satellites, l’amélioration des antennes de réception (baisse des coûts de maintenance en s’affranchissant peut-être un jour des parties mobiles) sont des facteurs clés dans l’adoption d’une connectivité à bord. « C’est d’autant plus compliqué que l’Europe est la région ou le trafic est le plus dense au monde » rappelle le Président d’Inmarsat Aviation.
L’Europe est d’ailleurs concernée par l’arrivée d’un nouveau système de connectivité hybride qui combinera un système ATG (Air-To-Ground) proposant une connectivité LTE fournie par Deutsche Telekom et la technologie satellitaire en bande S proposée par Inmarsat. Baptisé European Aviation Network (EAN), cette nouvelle solution sera disponible dans les 28 pays de l’UE ainsi qu’en Suisse et en Norvège. Un premier essai est prévu l’année prochaine, à nouveau sur un appareil de Lufthansa.
Michelle Lee, Directrice du marketing et de l’expérience client d’Aer Lingus, désormais intégrée à IAG, a également indiqué que la compagnie irlandaise recherchait activement une solution de connectivité pour son réseau moyen-courrier, sans doute un système qui sera déployé sur les autres compagnies du groupe pour d’évidents effets d’échelle. Aer Lingus dispose déjà d’une connectivité à bord pour ses vols transatlantiques avec une solution fournie par Panasonic Avionics, Aeromobile et Deutsche Telekom.