Cela aurait pu être une très bonne année. Fort de son chiffre record de 863 livraisons l’an dernier, Airbus a publié des résultats 2019 solides, le 13 février. Dans la lignée de 2018, le groupe européen d’aéronautique et de défense a amélioré ses revenus et sa rentabilité opérationnelle. Pour autant, ce beau bilan est terni par une sérieuse ombre au tableau : les 3,6 milliards d’euros qu’Airbus a accepté de payer pour mettre fin aux enquêtes menées par les autorités financières française, britannique et américaine pour des faits de corruption. Cette somme a été provisionnée sur les comptes de 2019, ce qui fait passer le résultat net de l’année dans le rouge. Enfin l’A400M continue de peser sur les comptes.
Le groupe publie donc un chiffre d’affaires de 70,5 milliards d’euros, en hausse de 11% par rapport à l’exercice précédent. Naturellement, les avions commerciaux ont représenté l’essentiel de ces revenus avec 54,8 milliards et une progression significative (+14 %). Elle a d’ailleurs été bien plus forte que celles des autres divisions du groupe. La croissance d’Airbus Helicopters stagne à 1%, pour 6 milliards d’euros, dans un marché des voilures tournantes toujours compliqué. Airbus Defence & Space connaît même un léger repli (-1%), pour un chiffre d’affaires de 10,9 milliards d’euros.
Le résultat opérationnel (EBIT ajusté, hors charges) est en forte hausse. Avec 19% de croissance par rapport à 2018, il dépasse les 6,9 milliards d’euros. Là encore, ce sont les avions commerciaux qui se détachent avec 6,4 milliards d’euros. C’est 32% de plus que lors de l’exercice précédent. Les résultats des autres divisions sont plus contrastés. Les hélicoptères signent une belle progression de 11%, à 422 millions d’euros, tandis que le militaire et le spatial chute de 40 % à 565 millions.
Dominik Asam, directeur financier d’Airbus, s’est félicité de ces résultats « en ligne avec les prévisions ». En revanche, Guillaume Faury, PDG du groupe, et lui-même ont déclaré qu’ils ne pouvaient se satisfaire des résultats globaux du groupe.
Des charges qui pèsent lourd
Le bilan est en effet beaucoup moins reluisant avec l’EBIT reporté, qui intègre les différentes charges qui plombent le bilan d’Airbus cette année. Le principal point noir les 3,6 milliards d’euros de pénalités pour les affaires de corruption. « C’est le prix à payer pour tourner la page », a admis Guillaume Faury.
Outre ces 3,6 milliards d’euros, le groupe a dû provisionner une nouvelle charge de plus de 1,2 milliard pour l’A400M. Une mesure qui devient habituelle pour ce programme, après les charges de 1,3 milliard en 2017 et 436 millions en 2018. Cette nouvelle charge vient principalement de la révision à la baisse significative des perspectives à l’export avec l’interdiction d’exportations militaires vers l’Arabie Saoudite décidée par l’Allemagne.
Au-delà de ces deux énormes fardeaux, les comptes d’Airbus sont encore alourdis par l’interdiction d’exportations militaires vers l’Arabie Saoudite, sur le programme de sécurité aux frontières cette fois, et la fin du programme A380, respectivement à hauteur de 221 et 202 millions d’euros. Au final, l’EBIT reporté est de 1,3 milliards d’euros, soit 73% de moins qu’en 2018.
Enfin le résultat net du groupe est donc négatif, à 1,4 milliard d’euros. C’est un large recul par rapport aux 3,1 milliards d’euros de bénéfice net enregistrés en 2018. Sans le coût des affaires de corruption, le groupe aurait donc émargé en positif.
Cela n’empêche pas Airbus de voir 2020 comme une année de croissance. Pour l’exercice en cours, le constructeur vise un nouveau record de livraisons, avec 880 appareils, et un résultat opérationnel de 7,5 milliards d’euros. Il faut dire qu’avec une réserves de commandes de près de 7 500 avions, soit 424 milliards d’euros, Airbus peut se projeter sereinement dans l’avenir et continuer d’améliorer ses cadences.
Le groupe devrait néanmoins continuer de travailler sur sa rentabilité, notamment pour les programmes A220 et A350, ainsi que pour les activités de défense et du spatial. Guillaume Faury souhaite ainsi que 2020 soit « la fondation d’une croissance durable » avec une amélioration de la structure de coûts.