Safran entend bien remettre le roulage vert sur le devant de la scène. Après la signature d’un partenariat avec Airbus fin juin, pour la mise sur le marché de sa solution de taxiage électrique pour la gamme A320, Safran Landing Systems (SLS) se tourne également vers la Chine. L’équipementier français vient de signer un protocole d’accord (MoU) avec China Aviation Energy and Emission Solution (CAEES, filiale de China Aviation Supplies Holding Company), le 6 juillet, « pour promouvoir ensemble le roulage électrique en Chine ».
Il s’agira pour les deux acteurs de présenter la solution de roulage électrique développée par SLS aux différentes compagnies chinoises et leur permettre d’en analyser les avantages et les inconvénients. Safran met notamment en avant une baisse de consommation de carburant qui pourrait atteindre 4 %, d’où une réduction des émissions polluantes et des économies potentielles. Ces gains sont à mettre en parallèle avec le poids supplémentaire et l’investissement initial que représente le système. Les opérateurs pourraient aussi gagner en souplesse opérationnelle en s’affranchissant de l’utilisation d’un push-back (tracteur d’avion).
Préparer le terrain
Au-delà du bilan économique et environnemental, l’enjeu pour SLS et CAEES sera de prouver que le taxiage électrique peut être intégré efficacement dans les opérations au sol. Il faudra également convaincre les autorités chinoises d’adapter la réglementation.
Ce n’est jamais chose aisée, même si la Chine a déjà su se montrer ouverte à l’introduction de nouvelles technologies en cas de gains avérés. Pour se dispenser des importants coûts d’installations et d’entretien des ILS, l’administration de l’aviation civile (CAAC) n’hésite pas à s’appuyer sur les visualisations tête haute (VTH, ou HUD, obligatoires dans le pays d’ici 2025) et les approches guidées par satellite. Le pays pourrait donc faire école pour le roulage électrique.
Historique
Safran avait lancé sa solution Electric Green Taxiing System (EGTS) au salon du Bourget en 2013 avec l’équipementier américain Honeywell. Une coentreprise avait alors été créée pour mener ce projet à bien. Safran, Honeywell et CAEES avaient d’ailleurs déjà signé un protocole d’accord similaire, pour la promotion de l’EGTS, en 2014.
Après avoir enregistré des retards, puis le départ de son partenaire américain, Safran a continué à développer seul sa technologie. Celle-ci semble donc aujourd’hui s’approcher de la maturité. Elle reprend le même concept que l’EGTS, à savoir l’installation de moteurs électriques sur les diabolos du train d’atterrissage principal, afin d’actionner les roues. Ces dispositifs, alimentés par le groupe auxiliaire de puissance (APU), permettent à l’ainsi de se mouvoir au sol sans avoir recours à ses réacteurs.