La Russie est sur le point de renforcer ses capacités héliportées. Les 22 et 23 août, le consortium Russian Helicopters (membre de Rostec State Corporation) a fait une série d’annonces pour les forces armées russes : livraisons d’appareils nouveaux et modernisés, début d’assemblage, ainsi qu’un contrat.
La première nouvelle concerne l’hélicoptère d’attaque Mi-28UB. Les premiers exemplaires de série sont actuellement en train de passer les tests d’acceptation avec les Forces aérospatiales russes. Les livraisons doivent commencer prochainement. Huit exemplaires doivent ainsi être intégrés d’ici la fin de l’année. Ils font partie d’une commande pour 24 appareils, passée en avril 2016. La production a commencé la même année dans les installations de Rostvertol. Les derniers appareils doivent arriver en 2020.
Le Mi-28UB est la dernière version de l’hélicoptère d’attaque Mi-28, désigné Havoc par l’OTAN. Plus exactement, c’est un dérivé de la version Mi-28N Night Hunter, entrée en service en 2006. Il s’en distingue néanmoins par la mise en place d’un système de doubles commandes entre le poste du pilote et celui de l’officier systèmes d’armes. L’appareil sera ainsi dédié en partie à la formation – où des carences se sont fait sentir – comme le déclare Andrey Boginsky, directeur général de Russian Helicopters : « Cet hélicoptère à doubles commandes va faire franchir un nouveau palier pour l’entraînement des équipages pour les machines de ce type. »
Le Mi-28UB pourra également assurer des missions de combat. Une partie des essais actuels ont d’ailleurs lieu en Syrie. D’autres innovations ont été apportées, avec l’amélioration de l’ergonomie dans le cockpit, ainsi que la modernisation de l’avionique et des systèmes de communication.
L’Aviation navale russe rétrofite sa flotte de Ka-27. © Russian Helicopters
Lutte anti-sous-marine
L’arrivée des Mi-28UB sera précédée de peu par celle des Ka-27M à l’Aviation navale russe. Tous les essais ont déjà été réalisés et le premier appareil de série est en passe d’être livré. Un premier lot de préproduction de huit hélicoptères avait déjà été livré en 2016 pour valider ce programme de modernisation.
En effet, il ne s’agit pas d’hélicoptères neufs, mais de machines rétrofitées par Kumertau Aviation Production Enterprise. Dans un premier temps, l’objectif est de moderniser 46 appareils d’ici 2020, mais ce chiffre n’a pas été confirmé. A plus long terme, le major-général Igor Kozhin, commandant de l’Aviation navale russe, a déclaré son intention de faire moderniser tous les Ka-27, soit près de 80 appareils.
Le Ka-27M est la dernière version de l’hélicoptère multirôle embarqué Ka-27. Il intègre un nouveau système de commandement tactique, avec un ensemble d’équipements renouvelés : systèmes acoustique et magnétométrique, reconnaissance électromagnétique, communications, calculateur et radar à antenne active.
Les appareils modernisés sont, à priori, des Ka-27PL dédiés à la lutte anti-sous-marine (ASW). Outre cette mission principale, les Ka-27M seront aussi utilisés pour des missions de reconnaissance en mer, lutte contre des bâtiments de surface, ou encore des opérations de recherche et sauvetage (SAR).
Russian développe une version militaire du Mi-38. © Russian Helicopters
Hélicoptères de transport
Le troisième appareil concerné ne devrait pas arriver dans les forces russes avant quelques années. Il s’agit du Mi-38T, version militaire de l’hélicoptère de transport Mi-38. Russian Helicopters a annoncé le début de l’assemblage du premier prototype. Conformément aux termes du contrat passé avec le ministère de la Défense russe, il doit être achevé l’année prochaine avant d’être livré aux Forces aérospatiales. Un second prototype est également prévu.
Les deux appareils conduiront une série d’essais en vol d’ici fin 2019, pour s’assurer que leurs capacités correspondent aux exigences des militaires. De ces tests dépendront les futures commandes de Moscou, qui seront passées dans le cadre du programme d’Etat pour l’armement pour la période 2018-2025.
Développé par les bureaux d’études de Mil et assemblé par Kazan Helicopters, le Mi-38T se distingue par une charge utile accrue par rapport aux 6 t en interne (7 t sous élingue) du Mi-38 civil et par un plafond opérationnel supérieur à ses 5 900 m. Il disposera aussi d’équipements spécifiques : un système de carburant modifié, avec une protection contre les explosions et des réservoirs de carburant supplémentaires, des communications militaires et un aménagement compatible avec les combinaisons et équipements de sauvetage en mer des équipages. Russian Helicopters précise que ces équipements seront exclusivement russes, au contraire de la version civile prévue pour intégrer des turbines Pratt & Whitney et une avionique Thales.
Des versions spécialisées de cet hélicoptère de transport pourront voir le jour. Une version « arctique » est, par exemple, envisagée pour les forces russes du même nom, en partie basées au-delà du cercle polaire.
Enfin, le ministère de la Défense russe a commandé trois hélicoptères de transport Mi-8AMTSh pour des missions spéciales, dans le cadre du salon Army 2017 de Moscou. Héritier de la longue lignée des Mi-8/17 débutée dans les années 1960, le Mi-8AMTSh peut transporter 37 passagers ou 4 t de fret. Il peut aussi être utilisé dans des missions SAR ou d’évacuation sanitaire (EVASAN). Dans un autre style, il peut être équipé pour des missions d’assaut, avec une version gunship. Baptisé « Terminator », il devient alors une véritable plateforme de tir. Les trois Mi-8AMTSh seront produits sur le site d’Oulan-Oudé, en vue d’une livraison en 2018.
La Russie renforce sa flotte de Mi-8AMTSh. © Russian Helicopters