Raytheon réussit la passe de trois. L’électronicien américain a annoncé le 22 septembre la réussite du troisième essai de son radar de défense aérienne et antimissile AN/SPY-6(V) (ou AMDR). Celui-ci s’est illustré par la détection et le suivi simultanés de plusieurs missiles de croisière anti-navires et un missile balistique tiré à courte distance. Il s’est déroulé dans le complexe de tir de l’US Navy du Pacifique, situé à Kauai (Hawaii).
Tad Dickenson, directeur du programme, a salué la performance de l’AMDR : « La vitesse, la portée, la trajectoire et la complexité des cibles multiples n’ont pas fait le poids face à l’AN/SPY-6 – il a acquis et suivi chacune d’entre elles. » A en croire Raytheon, le radar a détecté les missiles dès leur lancement et les a pistés durant l’ensemble de leur vol.
C’était la première fois que la capacité multicible de l’AMDR – qui est sa principale caractéristique – était testée en conditions réelles. Lors de ses deux premiers essais, en mars et en août, le radar n’avait assuré la détection et le suivi que d’un seul missile balistique à la fois. Un test initial avait également eu lieu en février, lors de l’essai d’interception d’un missile balistique par un Standard Missile 3 (SM-3) de nouvelle génération (Block IIA SFTM-01).
L’US Navy s’est réjouie de ce troisième succès de rang. Elle a également déclaré que le programme AN/SPY-6 était dans les temps pour son intégration sur le premier destroyer DDG-51 Flight III (dernière variante de la classe DDG-51 Arleigh Burke, maillon du système de défense antimissile Aegis). Celui-ci doit être mis en service en 2023. Le radar pourra également être intégré en rétrofit sur les DDG-51 des versions précédentes Flight I et II. L’AMDR est encore en phase de développement, mais il doit évoluer prochainement vers la production initiale à faible rythme (LRIP).
L’AMDR AN/SPY-6 est un radar à balayage électronique actif, basé sur la technologie des Assemblages radars modulaires (RMA). Ces cubes de 227 dm3 (61 x 61 x 61 cm), constitués de modules d’émission en nitrure de gallium (GaN), sont assemblés pour concevoir des radars de différentes tailles. L’antenne de l’AN/SPY-6 est constituée de 37 RMA et émet en bande S. Il se veut trente fois plus sensible que l’AN/SPY-1D(V) actuel (en configuration pour les Flight III), avec une portée double, le tout pour une taille deux fois moindre.