Le 16 janvier, Embraer a procédé au traditionnel bilan des livraisons et des commandes sur l’année écoulée. Avec un solide quatrième trimestre, particulièrement dans l’aviation d’affaires, le constructeur brésilien a atteint les objectifs fixés début 2017. Pour autant, il fait moins bien que l’an passé et le manque d’engagement sur les E-Jets E2 commence à se voir.
En 2017, Embraer aura donc livré 101 avions commerciaux. Il est ainsi parfaitement en ligne avec son objectif de 97 à 102 appareils produits sur l’année. Après un pic à 108 livraisons en 2016, il retrouve ainsi son niveau de 2015. L’E175 est plus que jamais le fer de lance de la gamme E-Jets. Avec 79 exemplaires remis à leurs clients, il représente plus des trois quarts du total. Derrière, les E190 et E195 se répartissent à peu près équitablement le reste.
Il faut dire que l’E175 est le seul modèle d’E-Jets à posséder une réserve de commandes (« bakclog ») encore conséquente, avec 103 appareils au 31 décembre 2017. Celui-ci s’est d’ailleurs maintenu sur l’année, avec seulement une unité de moins que fin 2016. L’avion a notamment profité de la levée d’options pour conforter ses positions.
La situation est moins reluisante pour l’E190 avec seulement 46 appareils restant à livrer, et l’E195 qui est en fin de course avec 5 avions. Ils n’ont respectivement réussi à engranger que deux et trois commandes nettes sur l’année. Reste l’E170 qui, après avoir subi deux annulations, garde une seule commande en réserve. Aucun exemplaire n’a été produit l’an dernier.
Où en sont les E-Jets E2 ?
Le ralentissement des E-Jets de première génération est largement explicable par l’arrivée des E-Jets E2. Dès ce premier semestre, l’E190-E2 doit être certifié et entrer en service auprès de la compagnie norvégienne Widerøe. L’E195 a volé en mars 2017 et doit arriver dans un an. Seul l’E175-E2 a vu son entrée en service repoussée d’un an, de 2020 à 2021. Embraer dit vouloir profiter du succès de la version actuelle de l’appareil aux Etats-Unis en attendant une modification de la Scope clause, que la version E2 ne respecte pas.
Pour autant, les ventes des E-Jets E2 ne décollent pas. Depuis un lancement en fanfare au salon du Bourget 2013, avec 150 commandes fermes pour les trois modèles confondus et autant d’options engrangées dès les premiers mois, les avions régionaux remotorisés peinent à convaincre. Près de cinq ans plus tard, Embraer ne compte que 280 commandes fermes et 287 options pour ses E-Jets E2. A titre de comparaison, le CSeries – longtemps décrié pour son manque de succès commercial – a atteint les 360 commandes fermes.
Surtout, la situation ne semble pas en passe de s’améliorer. En 2017, seul l’E195-E2 a amélioré son total net de ventes. Il a engrangé 16 commandes fermes et 10 en options. L’E175-E2 n’a absolument pas bougé et reste handicapé par la Scope clause américaine. Enfin, l’E190-E2 a chuté : il a enregistré 11 annulations de commandes fermes, ainsi que 10 autres en options.
L’aviation d’affaires est dans les clous
Dans l’aviation d’affaires, la situation a été sauvée par un troisième trimestre exceptionnel avec 50 des 109 avions livrés sur l’année. Ce total se répartit entre 72 jets légers (Phenom) et 37 jets plus grands (Legacy et Lineage). Embraer avait prévu d’en livrer 70 à 80 exemplaires pour les premiers et 35 à 45 pour les seconds. Le constructeur brésilien est donc dans les limites de ses prévisions, mais indéniablement dans la fourchette basse. C’est d’ailleurs une baisse par rapport à 2016, où 117 jets avaient été livrés, dont 44 Legacy et Lineage. Il s’agit même de son plus petit total depuis 2012.
Les commandes ou le backlog des avions d’affaires ne sont pas communiqués.
La situation n’est pas catastrophique pour Embraer, loin de là. Néanmoins, ces résultats mitigés peuvent donner plus de poids aux partisans d’un rapprochement avec Boeing, même si celui-ci est encore très loin d’être fait. Les résultats financiers permettront d’avoir une vision plus complète d’ici quelques semaines.