Commandes, livraisons, nouveaux marchés, clients solides, etc., Christian Scherer, président exécutif d’ATR, affiche une satisfaction certaine pour l’année 2017. Après un exercice 2016 morose sur les commandes, les voyants sont donc à nouveau au vert pour le constructeur de biturbopropulseurs régionaux.
« Nous sommes très contents des réalisations faites en 2017 en termes de nouvelles ventes, déclare donc Christian Scherer. Il y a eu une demande significative après une année relativement lente. » Il faut dire que le constructeur franco-italien a triplé son bilan d’une année sur l’autre : de 36 ventes en 2016, il est passé à 113 commandes fermes plus 40 options l’an dernier.
« Au-delà des chiffres, nous avons eu des clients de très haute qualité en 2017. » Christian Scherer souligne ainsi les signatures de contrats avec des clients majeurs tels qu’IndiGo (50 ATR 72-600), qui sera l’un des principaux acteurs du développement de la connectivité régionale en Inde, ou Mandarin Airlines (6 ATR 72-600), filiale régionale de China Airlines (compagnie nationale de Taïwan). On peut aussi noter la commande iranienne pour 20 ATR 72-600.
Et il y a « le coup de 2017 », à savoir le lancement de l’ATR 72-600F avec FedEx Express. Ce contrat pour trente appareils est à la fois une réussite avec un acteur incontournable du transport de fret express mondial, un retour enfin concrétisé aux États-Unis, et l’offre d’un nouvel appareil qui suscite de nombreux intérêts. Sur ce dernier point, Christian Scherer n’hésite pas à dire qu’il a reçu de nombreux appels, dus aux capacités de l’avion comme à la notoriété de son client de lancement. Il y voit un outil pour les compagnies pour augmenter leur productivité par rapport à un appareil passagers converti en cargo, qui justifie de faire un investissement plus important.
Un marché régional dynamique
A en croire le patron d’ATR, les ventes ont profité du dynamisme de l’offre des compagnies régionales, qui passe de plus en plus par les turbopropulseurs. Il note que le nombre de sièges offerts sur le marché régional a augmenté de 2,3 % pour les jets, de 6 % pour les turbopropulseurs et de 9 % pour les ATR seuls. Les appareils franco-italiens ont ainsi contribué à ouvrir 155 nouvelles routes en 2017, contre une centaine habituellement. « Les compagnies régionales sont de plus en plus semblables aux grands transporteurs, avec une gouvernance privée et des objectifs d’efficacité, explique-t-il. C’est la principale raison de cette évolution. »
Christian Scherer entend donc maintenir cette dynamique en 2018 et ne pas connaître des résultats en dents de scie : « nous espérons une bonne année pour les ventes en 2018, avec un ratio commandes-livraisons supérieur à 1. Stabilité est le mot. » La Chine pourrait notamment contribuer fortement à cet objectif, avec des ventes en attentes de confirmation, à condition que les autorités locales lèvent les verrous à la certification des ATR 42/72-600 – attendues dans les prochains mois – et au développement des compagnies régionales.
Altitude de croisière
Sur le plan des livraisons, ATR maintient son « altitude de croisière » avec la livraison de 80 avions, comme en 2016. Christian Scherer annonce d’ailleurs que ce sera l’objectif pour 2018 également. Il précise tout de même que « nous aurions pu livrer quelques appareils de plus en 2017, mais un de nos clients a eu quelques difficultés de financement ». Une petite nuance par rapport aux années précédentes est tout de même à signaler : le constructeur a livré 70 ATR 72-600, 8 ATR 42-600 et… 2 ATR d’occasion. Une première qui doit contribuer à fluidifier le marché de seconde main et donc favoriser l’introduction d’avions neufs.
ATR affiche un ratio commandes-livraisons de 1,45, loin de sa faible performance de 2016. Cela lui permet de reconstituer sa réserve de commandes (« backlog ») qui s’était donc légèrement étiolée l’année précédente. Sans donner de chiffres exacts, Christian Scherer déclare disposer de trois ans de production devant lui, soit 240 avions environ. Il précise à nouveau l’importance d’avoir des clients de « haute qualité », et donc fiables, pour constituer ce backlog. De même, il souligne que la part des loueurs y a été réduite, conformément à sa volonté de rééquilibrer la balance avec les compagnies opérationnelles et de préserver la valeur de ses avions.
Groupement d’intérêt économique (GIE) constitué par Airbus et Leonardo, ATR ne dévoile pas ses résultats financiers, si ce n’est son chiffre d’affaires de 1,8 milliard de dollars, stable par rapport à 2016. Christian Scherer précise tout de même que le constructeur est rentable et que ses deux actionnaires sont contents de son apport dans leurs comptes respectifs, avant d’ajouter qu’il pense « qu’ATR est le programme d’avion le plus rentable ».