A l’image d’autres grands groupes aéronautiques comme Safran et Airbus, Thales a signé une performance solide en 2017. Patrice Caine, son P-DG qui présentait les résultats le 6 mars au siège de La Défense, parle même d’une « année record ». Le groupe français affiche en effet une croissance de son chiffre d’affaires et de sa rentabilité dans ses trois activités : Aérospatial, Défense & sécurité et Transport. Seul bémol, les prises de commandes accusent un recul sensible dans les deux premiers secteurs.
Le chiffre d’affaires du groupe progresse de 6 % par rapport à 2016, pour s’établir à 15,8 milliards d’euros. Pascal Bouchiat, directeur général Finances et Systèmes d’information, met en avant la forte dynamique de cette croissance, toujours portée par les pays émergents (+9 %) qui représentent environ le tiers des revenus. Fait nouveau depuis deux ans, les marchés dits « matures » sont également en progression : d’une croissance nulle en 2015, ils sont passés à 4 % de croissance en 2016 et 6 % en 2017.
Ambition 10 remplit ses objectifs
Cette hausse de revenus associés à une maîtrise de celle des coûts permet une amélioration sensible de la performance opérationnelle du groupe. Pascal Bouchiat y voit l’impact grandissant du plan Ambition 10, lancé en 2013. Seules les dépenses de R&D, indispensable pour continuer « à jouer la Champions League » selon Patrice Caine, augmentent sensiblement : +9 % par rapport à 2016, +30 % par rapport à 2012. Elles se situent ainsi à 797 millions d’euros, soit un peu plus de 5 % du chiffre d’affaires.
Cette bonne tenue se traduit sur le résultat opérationnel courant, qui s’établit à 1,3 milliard d’euros (+15 %), comme sur l’EBIT. Celui-ci atteint 1,5 milliard d’euros (+14 %), soit « la meilleure performance du groupe depuis le lancement d’Ambition 10 », précise Pascal Bouchiat.
Le résultat net ajusté est aussi en progression, à 1,1 milliard d’euros (+8 %), malgré une charge d’impôts exceptionnelle de 403 millions d’euros. Celle-ci va se réduire sensiblement dans les prochaines années, à la faveur des mesures américaines et françaises sur l’impôt des sociétés. Les flux de trésorerie opérationnelle augmentent, pour atteindre le niveau record de 1,4 milliard d’euros (+43 %). Patrice Caine affirme que Thales rivalise ainsi avec les meilleurs mondiaux en terme de rentabilité.
Des prises de commandes à la baisse
Dans ce tableau largement positif, les prises de commandes sont les seules à dénoter. Elles reculent en effet sensiblement et s’établissent à 14,9 milliards d’euros sur l’année (-10 %). Patrice Caine explique que cette baisse était prévue et avait été annoncée début 2017. Cela se ressent sur le carnet de commandes à fin 2017, qui se situait à 31,9 milliards d’euros (-5 %). Thales affiche ainsi un ratio de commandes par rapport au chiffre d’affaires de 0,94.
Pour le P-DG du groupe, cette situation conjoncturelle est due à l’absence de contrat majeur au cours de l’exercice, au contraire de 2016 où les chiffres avaient été largement dopés par la vente de 36 Rafale à l’Inde. Si l’on retranche cette vente, il affirme que les prises de commandes seraient en forte hausse. Il est appuyé par Pascal Bouchiat, qui ajoute que les petites (moins de 10 millions d’euros) et moyennes commandes (entre 10 et 100 millions d’euros) progressent en moyenne de 5 % par an depuis 2013.
Garder le rythme en 2018
En termes de perspectives, Patrice Caine vise une croissance organique du chiffre d’affaires de 4 à 5 % en 2018 (selon les nouvelles normes comptables IFRS 15). C’est un peu moins que ces deux dernières années, mais cela reste conforme aux objectifs fixés début 2016 d’une croissance annuelle moyenne de 5 % sur la période 2016-2018.
La progression de l’EBIT devrait continuer avec un objectif situé entre 1,62 et 1,66 milliard d’euros, pour une marge comprise entre 9,5 et 10 % du chiffre d’affaires. Thales continuerait ainsi à être en phase avec ses objectifs d’amélioration de la rentabilité opérationnelle, fixés en 2014. Enfin, les prises de commandes devraient repartir à la hausse – sans pour autant atteindre le niveau de 2016 – pour atteindre 15,5 milliards d’euros.