En mai 2017, à Ebace, Airbus Helicopters lançait Airbus Corporate Helicopters (ACH), sa marque dédiée à l’aviation privée et d’affaires. Un an après, toujours à Ebace, le Journal de l’Aviation est allé à la rencontre de Frédéric Lemos, son directeur. Il évoque la mise en place d’ACH, parle de ses premières réalisations et expose ses objectifs.
Où en est Airbus Corporate Helicopters (ACH) un an après son lancement à Ebace 2017 ?
L’année a été un véritable succès. Il faut que vous compreniez que le concept du « branding » n’était qu’un seul des éléments constitutifs d’un projet beaucoup plus large. Il s’agissait de créer un écosystème complet à l’intérieur de la société Airbus Helicopters – qui adressait déjà le segment PBA (Aviation d’affaires et privée NDLR) – pour élever le niveau dans l’industrie, notamment sur la qualité et l’expérience client.
Pour chaque point de contact ou à chaque expérience avec le client, depuis la prise d’informations, la configuration du produit, l’accompagnement dans le design et la complétion, la livraison, l’expérience avec le produit, le soutien jusqu’à l’aide à la revente, nous avons voulu apporter une réponse à chacune de ses étapes et nous l’avons englobé dans ACH.
C’est le miroir d’Airbus Corporate Jets, ce qui fait d’Airbus le seul fabricant à pouvoir proposer à la fois des avions et des hélicoptères d’affaires.
Outre l’aménagement cabine, quelles sont les spécificités de l’offre ACH ?
Nous avons eu une vraie volonté de nous démarquer de la concurrence en termes de qualité perçue. Nous avons fait énormément d’efforts pour créer un référentiel de qualité et une équipe dédiée qui travaille avec nos fournisseurs.
Par ailleurs, nous avons créé un service adapté à ces clients qui volent peu, en moyenne 150 heures par an, avec HCare First. Tous les événements non programmés sont couverts ainsi que la main d’oeuvre. L’objectif est de pouvoir apporter un service sans souci à ces clients et de les soutenir où qu’ils soient, à travers notre réseau international de centres de services et de centres agréés ACH.
Le temps de construire et de finaliser les accords, je pense raisonnablement que le service va commencer vers la fin de l’année 2018 et qu’il se déploiera en 2019.
Vous disposerez donc d’équipes spécifiques pour le service clients ?
Sous la structure Airbus Helicopters, ACH dispose d’une équipe dédiée et d’un réseau d’équipes dans les différents métiers. C’est un écosystème complet, avec des interlocuteurs entièrement dédiés ou ayant aussi d’autres activités. On les retrouve aux programmes, à l’ingénierie, dans les régions, dans les centres de services, avec des coordinateurs sur tous les aspects ventes et marketing, des vendeurs locaux, etc.
Votre offre est-elle amenée à évoluer au vu de cette première année ?
Maintenant qu’une grande partie de l’ambition est déployée ou se déploie progressivement sur les régions, ACH s’est inscrit dans un processus de développement continuel de nouvelles briques afin de continuer à progresser.
Nous avons aussi une véritable logique de retour d’expérience avec nos clients. Nous leur faisons une promesse sur la qualité, l’expérience et le service, et le principal objectif pour 2018-2019 est de remplir cette promesse. Nous recherchons donc à collecter les impressions de nos clients pour savoir si nous sommes sur le bon chemin.
Un ACH130 en configuration Stylence by ACH. © Airbus Helicopters / E Raz
Quel a été l’impact du lancement d’ACH sur les ventes ?
Alors que le bilan sur une année est plutôt plat en termes de ventes pour toute l’aviation d’affaires et privée, Airbus a pris des parts de marché avec 58 ventes.
Sur ce total, un de nos principaux objectifs était de maintenir une part de marché importante sur nos produits d’entrée de gamme, positionnés sur le haut du segment des monomoteurs. Nous avons des appareils qui commencent autour des 1,3 tonnes et 2,4 millions de dollars avec l’ACH125 et l’ACH130. Et sur ce segment des « intermediate single-engine », où vous retrouvez le Bell 407, l’A.119 Koala, etc., nous avons 70 % de parts de marché.
Sur le « light twin-engine », segment où nous avions vraiment la volonté de pénétrer davantage, l’année dernière a été un vrai succès avec 13 ventes, soit 50 % de parts de marché. Nous avons vendu dix ACH145 et trois ACH135, dont le premier équipé de l’avionique Helionix.
Nous avons aussi vendu le seul appareil du segment « large medium », où se trouvent le Bell 525 et l’AW189, l’an passé avec un ACH175. Nous en avons désormais trois exemplaires en service.
Comment se passe le lancement commercial de l’ACH160 ?
Sur le « medium », le Dauphin ayant atteint son apogée il y a quelques années, tout le monde attend l’ACH160. Il suscite beaucoup d’enthousiasme notamment par la qualité de son design, l’innovation avec 68 brevets, sa facilité d’opérations en tant qu’appareil de la classe des six tonnes, beaucoup d’hélistations étant limitées à cette masse.
L’an dernier nous ne pouvions signer que des lettres d’intention et les prises de commandes ont débuté cette année à Heli-Expo (fin février, NDLR). Nous avons un client de lancement aux Etats-Unis, opérateur historique du S-76, qui a commandé quatre ACH160 – trois en configuration ACH Exclusive et un en Stylence by ACH – et un client brésilien pour un appareil. Ces machines seront progressivement livrées entre 2020 et 2021.
Nous continuons à construire progressivement des offres et nous devrions donc enregistrer un bilan positif d’ici la fin de l’année avec une couverture plus large de ce segment que l’an passé.
Quels sont vos objectifs sur l’année ?
Pour l’instant, nous sommes sur la même tendance que l’an dernier, mais avec un peu plus de succès sur les « large medium », où trois ACH175 ont déjà été vendus, comme sur les « medium », où nous nous attendons avec l’ACH160 à avoir une part de marché qui soit au niveau de celles des autres segments. Nous améliorons ainsi le mix produit, ce qui est extrêmement intéressant en termes de valeur.