(Actualité Farnborough 2018) Alors que le cockpit Avionics 2020 devrait devenir opérationnel sur un hélicoptère au cours des deux prochaines années, Thales prépare déjà l’étape suivante. Et c’est en toute discrétion que Peter Hitchcock, vice-président Avionique commerciale, a dévoilé ce nouveau projet le 17 juillet, au cours du salon de Farnborough. Celui-ci reprend les concepts développés à travers Avionics 2020, et y ajoute deux éléments majeurs étroitement liés : la connectivité permanente et l’intelligence artificielle. Le groupe français entend ainsi faire un bond en avant vers un appareil plus autonome, avec des cockpits plus légers et plus performants, qui pourrait aussi préfigurer les opérations à un seul pilote.
La première brique technologique de ce nouveau projet est l’introduction de la connectivité permanente. Si elle n’est pas encore une réalité, Peter Hitchcock affirme que celle-ci va dans le sens de l’histoire, ne serait-ce que parce que c’est ce que veulent aujourd’hui les clients : « Dans le futur, les avions vont échanger bien plus de données ». Cela concerne la connectivité en cabine, mais aussi dans le cockpit. Thales regarde donc ce que son introduction pourrait apporter.
Pour Peter Hitchcock, avec l’introduction de la connectivité permanente, il ne s’agira alors plus de regarder ce qu’a fait un avion dans les heures précédentes mais ce qu’il est en train de faire. Il pourra ainsi envoyer directement ses données de vol tout comme recevoir des informations du sol, issues des sources dédiées mais aussi du « monde ouvert ». « Cela permettra de prendre de meilleurs décisions », atteste Peter Hitchcock.
L’apport de l’intelligence artificielle
C’est alors qu’entre en jeu l’intelligence artificielle pour agréger et tirer de la valeur de cet ensemble de données. La connectivité permanente permettrait en effet de les recueillir au sol au sein d’un « data lake », où elles seraient traitées, nettoyées et analysées en « temps réel ». C’est une des capacités désormais maîtrisées par Thales depuis l’acquisition de la société américaine Guavus l’an dernier. Les informations pertinentes seraient enfin transmises à bord. Peter Hitchcock parle ainsi d’un « data streaming ».
Cette solution permettrait d’offrir une très grande puissance de calcul sans alourdir le cockpit. Il s’agit d’ailleurs d’un enjeu prégnant chez Thales, qui annonçait déjà une réduction de poids de l’ordre de 30 % avec Avionics 2020 par rapport à une suite avionique classique. Ce nouveau concept permettrait d’aller plus loin.
Ce nouveau concept permet d’imaginer que des informations transmises au sol par un avion puisse être intégrées immédiatement au data lake, compilées avec d’autres données comme la météo, puis retransmises à un appareil opérant sur la même route peu après. L’équipage disposerait alors d’une conscience situationnelle augmentée pour adapter leur plan de vol au mieux.
Pour livrer ces informations de façon efficace aux pilotes, afin de réduire leur charge de travail et les aider dans leurs prises de décision, Thales travaille à la mise au point d’un assistant virtuel. Son rôle ne serait ainsi pas de remplacer un des pilotes, mais les conseiller au mieux dans leurs tâches afin d’optimiser les opérations.
Si le « single-pilot operations » trotte indubitablement dans la tête des ingénieurs de Thales, l’objectif semble donc plus de faciliter le travail des pilotes. Cela permettrait de rendre la profession plus accessible afin de faciliter le recrutement et réduire le besoin d’entraînement. Dans un premier temps du moins.
De premières briques technologiques pourraient apparaître à l’horizon 2025, selon Peter Hitchcock. Il faudra sans doute attendre un peu plus pour que l’ensemble du concept devienne opérationnel.