Confirmation de l’amélioration du marché des avions d’affaires, promulgation de la Loi de programmation militaire (LPM 2019-2025), continuation du plan de transformation, etc. Ce sont autant de tendances positives sur lesquelles Dassault Aviation s’est appuyé lors de la présentation de ses résultats du premier semestre 2018. S’il se méfie de l’instabilité économique sur fond de tensions commerciales entre les grands pôles économiques mondiaux ou de Brexit, Eric Trappier, son P-DG, a ainsi pu confirmer les perspectives faites en mars dernier.
Ce premier semestre est marqué par un recul du chiffre d’affaires par rapport à la même période en 2017, avec un recul du nombre de livraisons. Il est ainsi descendu à 1,71 milliard d’euros (-17 %), avec la livraison de deux Rafale et quinze Falcon. Dassault Aviation maintient tout de même une prévision à l’équilibre, avec un chiffre d’affaires sur l’année équivalent à celui de 2017 (4,81 milliards d’euros).
Malgré une amélioration de la marge opérationnelle de 6,5 % (+0,6 point), le résultat opérationnel ajusté chute de dix millions d’euros pour s’établir à 111 millions d’euros. Le résultat net est lui en hausse de 12 %, pour s’établir à 186 millions d’euros avec une hausse significative de la marge nette à 10,9 % (+2,9 points).
La reprise commence à se concrétiser
Sur le marché de l’aviation d’affaires, Eric Trappier a confirmé l’embellie annoncée lors du salon Ebace en mai. Celle-ci est tirée par la santé économique des Etats-Unis et la croissance toujours forte en Asie-Pacifique. Elle est aussi renforcée par des phénomènes comme la remontée des prix du pétrole « à un bon niveau ». Celle-ci devrait avoir un impact positif dans les pays producteurs, et annonce possiblement une reprise des ventes au profit du secteur pétrolier.
Cette évolution se traduit par une importante fluidification du marché de l’occasion, où il devient difficile de trouver un Falcon 7X, et devrait se répercuter sur les ventes. Pour l’instant cet impact reste limité, malgré une légère hausse des prises de commandes : dix-huit commandes de Falcon au premier semestre 2018, contre quatorze l’an dernier à la même époque.
Ce total net comprend les dernières annulations de Falcon 5X (douze commandes avaient déjà été résiliées en 2016 et trois en 2017), explique Eric Trappier, ainsi que les premières ventes du Falcon 6X, lancé en Février : « Le marché répond bien au Falcon 6X. Il y a déjà des ventes avec des conversions de Falcon 5X et avec des clients qui viennent directement au Falcon 6X. »
Le P-DG de Dassault Aviation reste néanmoins prudent, au vu de la politique de prix très agressive de ses concurrents nord-américains, ainsi que la guerre commerciale qui se dessine de plus en plus fortement entre Américains et Chinois, ainsi qu’entre Américains et Européens. Il s’en tient donc à un objectif de 40 Falcon livrés sur l’année contre 49 l’an dernier. L’avionneur poursuit ainsi sa réduction de cadence depuis le début des années 2010, conséquence de la longue crise connue depuis 2008 par l’ensemble du secteur. Il faut tout de même rappeler que Dassault Aviation avait livré cinq Falcon de plus que prévu l’an dernier.
Des Rafale pour la France, puis l’Égypte
Côté militaire, le constructeur achève le premier semestre 2018 en affichant au compteur des livraisons de Rafale deux appareils pour les forces aériennes françaises, portant le total (air et marine) à 151 avions. Un avion doit encore être livré à la France, avant une pause de trois années, afin de donner la priorité aux livraisons export, Égypte, Inde et Qatar – ce dernier ayant confirmé en début d’année une option pour douze machines supplémentaires.
Eric Trappier a d’ailleurs confirmé que neuf Rafale seraient livrés à l’export cette année, sur un total de douze. Ils iront à priori tous à l’Égypte, qui attend encore dix appareils. Eric Trappier a en effet annoncé que les livraisons au Qatar débuteraient au tout début 2019. Elles doivent être suivies dans l’année par celles des premiers avions à l’Inde.
Dassault Aviation a indiqué que la formation des personnels égyptiens et qataris se poursuivait, et surtout que la mise en place de la filière industrielle en Inde avançait bien, avec l’objectif de pouvoir sortir de premières pièces de production dès cette année. La montée en puissance de la fabrication se fera sur les cinq prochaines années.
Développements attendus
S’agissant des prospects, l’avionneur s’est montré très discret. Il a évidemment confirmé des pays tels que la Belgique, la Suisse et l’Inde, mais s’est gardé d’évoquer d’autres prospects tels que la Finlande, la Malaisie ou encore le Canada. « Les autres, on en parlera plus tard », a éludé Eric Trappier. En revanche, si l’avionneur semble plutôt confiant pour la Suisse, déclarant « on va se préparer à gagner », la partie semble plus « compliquée » en Belgique, l’offre du gouvernement français n’ayant pas encore été validée officiellement par les autorités politiques belges.
Enfin, parmi les perspectives technologiques à venir pour le programme avant la fin de l’année, Dassault Aviation travaille sur la qualification du standard F3R, mais également à la contractualisation du prochain standard, le F4, qui doit entrer en service à l’horizon 2025. Eric Trappier a par ailleurs évoqué à demi-mots une potentielle rénovation à mi-vie de la flotte, en attendant le système de combat aérien du futur, prévu à l’horizon 2040. Une perspective qui dépendra évidemment de la prochaine Loi de programmation militaire, en fonction des orientations politiques et budgétaires.