C’est à 14h35 que l’A330-800 MSN1888 est revenu se poser après un vol inaugural de 4h04, le 6 novembre à Toulouse-Blagnac. L’appareil est alors venu s’immobiliser devant le centre de livraisons d’Airbus, où une centaine de personnes l’attendaient dont Guillaume Faury, président d’Airbus Commercial Aircraft et futur P-DG du groupe, et Patrick du Ché, directeur des essais en vol et d’intégration. Après quelques minutes, l’équipage, composé de deux pilotes d’essais – Malcolm Ridley et François Barre – et de trois ingénieurs de vol – José Corugedo, Ludovic Girard et Catherine Schneider – est sorti sous les applaudissements.
Guillaume a salué un premier vol réussi et a félicité ses équipes, en vol comme au sol : « C’est un grand jour. Cela tient beaucoup de la confiance entre l’équipage du premier vol et les équipes qui travaillent sur le programme depuis des années. »
Au cours de cette première sortie, le MSN1888 (immatriculé F-WTTO) est parti du côté des Pyrénées pour une série de manoeuvres à basse vitesse (160 à 330 noeuds) et basse altitude (7 000 à 10 000 pieds). Il a d’abord testé la configuration d’atterrissage avec le train et les volets sortis afin d’être paré pour un éventuel retour prématuré.
L’équipage a ensuite réalisé de premiers essais de maniabilité en loi directe de pilotage et commencé à défricher l’enveloppe de vol avec différentes configurations de volets, avant d’accélérer et de grimper en direction de la façade atlantique. Les pilotes ont alors poursuivi l’exploration de la maniabilité générale de l’appareil sur les trois axes, puis à explorer le haut du domaine de vol.
Pour Jean-Philippe Cottet, directeur des Essais en vol de développement, ce vol ne devait réserver que peu de surprises. En effet, la tenue du programme A330-900 (certifié par l’EASA en septembre dernier) a permis d’engranger un grand nombre de connaissances et d’élaborer des modèles solides de simulation.
L’équipage a ainsi pu toucher les limites de l’enveloppe de vol, voire les dépasser légèrement comme prévu. Au-dessus de l’Atlantique, le MSN1888 a atteint les 41 500 pieds pour une vitesse de 589 noeuds. Les ingénieurs d’essais ont ainsi pu débuter l’observation des vibrations aéroélastiques (flutter) qui surviennent à haute vitesse.
L’avion est ensuite revenu vers les Pyrénées avec des vitesses et des altitudes plus modestes, puis a mis le cap vers Toulouse. Il a effectué comme prévu un premier passage à basse altitude, suivi d’une remise de gaz, avant de faire une seconde approche et de se poser.
Guillaume Faury accueille l’équipage à son retour. © Léo Barnier / Le Journal de l’Aviation – tous droits réservés
La route vers la certification
« C’est juste le début », rappelle Patrick du Ché. Ce premier vol ouvre en effet la phase des essais en vol, qui doit conduire l’avion jusqu’à sa certification mi-2019, puis son entrée en service. Là encore, au vu du travail réalisé sur l’A330-900 (un peu plus de 1 400 heures d’essais en vol avec trois prototypes), le programme de l’A330-800 sera allégé. Le MSN1888 sera le seul prototype, avec environ 300 heures de vol prévues.
Pendant une phase initiale, l’avion va achever l’ouverture du domaine de vol, tester le décrochage et les vibrations. De même, il va réaliser les essais de performances. Toujours durant cette phase, cinq à dix vols seront consacrés à l’identification. Il s’agira de déterminer les différents coefficients aérodynamiques qui caractériseront le comportement de l’appareil et d’ajuster les modèles de simulation en conséquence.
Ce travail permettra d’ouvrir une phase de tests de développement, avec notamment la définition complète des différentes lois de pilotage. Les équipes passeront ensuite aux essais de certification, avec les essais de systèmes, du pilotage automatique, de vent de travers, etc. jusqu’à l’obtention du précieux sésame par l’EASA, puis la FAA. Airbus préparera alors l’entrée en service, qui devrait s’effectuer chez Kuwait Airways.