Dans la guerre des chiffres que se livrent Airbus et Boeing, l’honneur de tirer le premier revient au constructeur américain du fait du calendrier des deux sociétés. Après avoir dépassé comme prévu la barre des 800 livraisons (avec « l’aide » de dix 767-2C destinés au programme militaire KC-46A) en 2018, il vient d’annoncer son nouvel objectif le 30 janvier, à l’occasion de la présentation de ses résultats pour l’année écoulée. Boeing vise désormais la livraison de 895 à 905 avions en 2019 (dont des appareils destinés au marché militaire), tout en améliorant ses marges opérationnelles.
Après une hausse des livraisons de 6 % entre 2017 et 2018, Boeing souhaite désormais réaliser un véritable bond en avant de l’ordre de 11 à 12 % pour l’année à venir. Cette croissance continuera d’être portée par les moyens-courriers, et plus spécifiquement par la montée en puissance du programme 737 MAX. Le constructeur a ainsi déjà opéré une montée en cadence vers le milieu de l’année 2018 pour passer à 52 exemplaires de 737 NG/MAX produits par mois. Si ce rythme est respecté, ce sont 624 appareils qui pourraient être livrés en 2019, contre 580 l’an dernier.
Cette hausse des cadences devraient permettre à Boeing de poursuivre sa croissance financière. Son chiffre d’affaires a ainsi progressé de 8 % l’an dernier. Il a ainsi atteint le nombre record de 101 milliards de dollars. Et pour 2019, l’objectif se situe entre 109,5 et 111,5 milliards de dollars.
Près des deux tiers de ces revenus sont issus de la division Avions commerciaux, un peu moins d’un quart provient de la branche Défense, Espace & Sécurité, tandis que le reste vient de l’activité Services, jeune mais en pleine expansion. Les trois divisions ont toutes trois connu une progression de leur chiffre d’affaires en 2018, respectivement de 5, 13 et 17 %.
Rentabilité en hausse mais disparate
Sur le plan de la rentabilité, Boeing a fortement amélioré son résultat opérationnel pour tutoyer les 12 milliards de dollars en 2018 (+16 %). Sa marge opérationnelle a crû de quasiment un point et a atteint 11,9 %. Le résultat net bondit quant à lui de 24 %, à 10,5 milliards de dollars.
Malgré une hausse de ses revenus limitée par rapport aux autres divisions et une baisse du nombre de gros-porteurs livrés, c’est l’activité Avions commerciaux qui connaît la plus forte croissance de sa rentabilité en 2018. Son résultat opérationnel augmente ainsi de 45 % pour atteindre 7,9 milliards de dollars, soit une marge de 13 % (+3,6 points).
A en croire Boeing, cette performance est due à la hausse des volumes sur 737 et une « solide performance opérationnelle », notamment grâce au renforcement des marges sur 787 (seul modèle long-courrier dont les livraisons ont progressé par rapport à 2017).
A l’inverse, la division Défense, Espace & Sécurité a vu son résultat opérationnel s’effondrer de plus d’un quart, et chuter ainsi à 1,6 milliard de dollars. Sa marge a fait de même avec un recul de près de quatre points, pour tomber à 6,9 %. Une performance que l’on peut notamment imputer aux charges exceptionnelles dues aux retards multiples du programme KC-46A.
La croissance du résultat opérationnel de la branche Services est de 12 %, à 2,5 milliards de dollars. Un score élevé, mais tout de même inférieur à celui de son chiffre d’affaires. Sa marge opérationnelle recule donc légèrement (-0,6 point), à 14,8 %.
Objectifs collectifs
Pour 2019, Boeing annonce clairement sa volonté de continuer à améliorer ses résultats financiers, et ce dans ses trois divisions. « Notre vision One Boeing, nos stratégies de croissance claires et nos positions dominantes sur des marchés importants et en croissance nous donnent confiance pour la poursuite d’une solide performance, d’une croissance des revenus et d’une mise en oeuvre solide dans nos trois activités, ce qui se reflète dans nos prévisions pour 2019 », a ainsi déclaré Dennis Muilenburg, PDG de Boeing.
Pour les avions commerciaux, l’objectif est d’atteindre entre 64,5 et 65,5 milliards de dollars de chiffre d’affaires, avec une marge opérationnelle de l’ordre de 15 %. Pour la défense et l’espace, Boeing vise des revenus compris entre 26,5 et 27,5 milliards de dollars, avec une marge opérationnelle supérieure à 11 %. Et pour les services, le chiffre d’affaires visé se situe entre 18,5 et 19 milliards de dollars, pour une marge opérationnelle supérieure à 15 %.
Enfin, Boeing a réussi à maintenir sa réserve de commandes, avec un « backlog » de 490 milliards de dollars, dont 412 milliards proviennent des avions commerciaux (près de 5 900 appareils en commandes).