C’est une expérimentation d’importance dans laquelle se lance le DLR. Le centre de recherche aéronautique et spatiale allemand vient d’annoncer qu’il démarrait la première campagne d’essais en vol du Système de communication aéronautique numérique en bande L (LDACS), qui doit devenir une des nouvelles normes mondiales de liaison de données sol-bord dans un futur proche. Les tests seront menés par l’Institut de communications et de navigation du DLR, depuis le centre d’Oberpfaffenhofen (Bavière).
En vue de cette campagne, le DLR a spécialement équipé son Falcon 20-E5 d’essais, qui devrait être notamment piloté par Michael Grossrubatscher. En parallèle, quatre stations au sol ont été installées dans les villes bavaroises d’Oberpfaffenhofen, Schwabmünchen, Peiting et Königsdorf. Il s’agira de tester pour la première fois en vol les vitesses de transmission de données, les transitions entre les stations au sol, ainsi que la portée et la précision de la fonction de navigation.
« Jusqu’à présent, nous avions seulement testé tout cela en laboratoire en utilisant des modèles, et c’est un grand moment de voir finalement cette technologie devenir pleinement opérationnelle dans l’air », s’est félicité Michael Schnell, responsable du projet pour le DLR. Il s’agit ainsi de valider les travaux de recherche menés dans le cadre du projet Micronav (Migration vers l’avionique COM/NAV intégrée) dans le cadre du programme de recherche allemand LuFo V, ainsi qu’au niveau européen au sein de Sesar. L’objectif est d’arriver à un système opérationnel à l’horizon 2022.
Capacités accrues
Le LDACS est donc un système en la bande L (entre 1,4 GHz et 1,5 GHz) qui doit permettre des communications audio d’une qualité améliorée, mais surtout un réel transfert de données plus rapide et plus important entre le sol et le bord. Il devrait ainsi capable d’assurer un débit de 2,6 Mbit/s par station au sol, avec une portée de 200 nautiques (environ 370 km). Et le choix de la bande L offre aussi une solution de désengorgement de la bande aéronautique VHF (108 MHz à 137 MHz), en passe de saturation avec la croissance du trafic.
Ces capacités accrues devraient avant tout profiter à la navigation. Ce nouveau canal va en effet permettre le passage d’informations plus complexes et dans un volume supérieur à ce qui est fait jusqu’ici par la voix ou par messages textuels (CPDLC).
L’entreprise commune Sesar considère la mise en place d’un réseau LDACS robuste comme l’un des prérequis à la généralisation des trajectoires 4D – qui se basent sur l’échange des informations de latitude, de longitude, d’altitude et de temps entre le sol et le bord – en Europe. Il fait d’ailleurs partie des solutions intégrées au « pipeline d’innovation » du programme de recherche européen et il sera intégré à la seconde vague d’appels à projets de recherche industrielle de Sesar 2020, qui sera bientôt lancée.
Le LDACS pourra aussi faire office de système de positionnement alternatif. « Si les signaux des satellites GPS ou Galileo ne sont pas disponibles pour quelque raison que ce soit, les pilotes seraient toujours en mesure de trouver leur position précise via le LDACS, explique ainsi Michael Schnell. Cela crée une marge de sécurité supplémentaire. »
D’autres acteurs comme Eurocontrol travaillent d’ailleurs sur la question. En parallèle, le DLR mène un travail de groupe depuis 2016 auprès de l’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI) pour établir les normes qui encadreront le LDACS.