C’est un fait, aviation d’affaires ne rime pas avec environnement. Mobiliser un biréacteur pour quelques personnes sur des trajets qui en moyenne ne dépassent pas 1 500 km, cela n’est pas l’idéal en matière de bilan carbone. Pourtant l’industrie semble désormais décidée à afficher un visage éco-responsable avec un « panier de mesures » pour réduire ses émissions de CO2.
Il y a un an, une coalition d’associations du secteur (EBAA, GAMA, IBAC, NATA et NBAA) a lancé l’initiative SAJF, pour promouvoir l’utilisation de carburants alternatifs durables. Dans la lignée des directives de l’OACI de 2007 et des déclarations faites en 2009, les signataires se sont engagés à atteindre une croissance neutre en carbone à partir de 2020, et à réduire de moitié les émissions de CO2 d’ici 2050, par rapport à 2005.
Cette volonté s’est illustrée dès cette année, lors d’Ebace à Genève. Les avions des constructeurs Bombardier, Gulfstream, Cirrus, Embraer, Piaggio Aerospace, Dassault Aviation et Textron Aviation sont arrivés en Suisse alimentés par du biocarburant.
Si les acteurs du secteur ont affiché un discours bien huilé sur les bienfaits de cette initiative et sur sa pleine sécurité, les blocages sont encore grands avant de voir ce type de vols se généraliser. D’immenses efforts restent à faire pour développer la disponibilité des biocarburants et les promouvoir auprès des opérateurs, l’un n’allant pas sans l’autre. Le SAJF est ainsi bien plus proche du niveau artisanal qu’industriel.
Derrière cette façade verte, les motivations de l’industrie le sont sans doute moins. Elle a tout d’abord besoin de rafraichir son image vis-à-vis de l’opinion publique, qui ne la considérait déjà pas d’un très bon oeil avant que les questions écologiques s’imposent dans les débats de société. Ensuite, elle va être rattrapée par la réalité du programme CORSIA de l’OACI, qui va obliger certains opérateurs à compenser leurs émissions carbone dès 2020 – même si les exemptions restent nombreuses.
Voulue ou subie, cette « transition écologique » n’empêche pas les constructeurs d’appuyer leurs stratégies marketing sur la vitesse, avec une ribambelle de records de célérité annoncée tout au long d’Ebace. Mais l’aviation d’affaires n’est pas à une contradiction près.