Lors du salon du Bourget, Thales dévoilait sa nouvelle avionique FlytX ainsi que son adaptation militaire ICDS pour le futur H160M Guépard des forces françaises. En parallèle, le groupe français travaille également sur un nouveau système de gestion de vol (FMS) baptisé PureFlyt. Cet équipement de nouvelle génération, complémentaire de FlytX, doit consacrer l’ouverture de l’avionique à la connectivité vers le monde ouvert.
Lors d’une présentation en avant-première de FlytX et PureFlyt, Vincent Megaides, vice-président en charge de la stratégie avionique, évoquait les quatre piliers de la transformation numérique de Thales : la connectivité, les mégadonnées (big data), l’intelligence artificielle et la cybersécurité : « Ces quatre grandes technologies infusent à travers les grands métiers de l’écosystème de Thales. Elles apportent du lien en permettant de mieux partager les données et de manière plus sécurisée, de faire des corrélations entre des données hétérogènes et d’offrir de nouveaux services qui permettront à terme de décloisonner les différents métiers. »
C’est cette logique qui prévaut aujourd’hui dans PureFlyt. Thales veut ainsi continuer à progresser sur les fonctions avioniques traditionnelles, avec une puissance de calcul accrue et l’apport de l’IA, ou encore une meilleure utilisation des données. Autant d’éléments qui vont permettre à ce nouveau FMS d’améliorer l’efficacité des vols en proposant de nouvelles fonctionnalités comme la gestion active de trajectoire et les trajectoires 4D, les profils de vol actifs optimisés et le calcul prédictif pour réaliser des approches en descente continue (CDA), l’utilisation des capacités d’approches satellitaires, etc…
Et PureFlyt se veut aussi connecté, avec pour la première fois des interactions avec le monde ouvert à travers les sacoches de vol électroniques (EFB) ou directement à travers des équipements électroniques personnels. « Les tablettes numériques sont devenues l’un des moyens privilégiés du pilote pour faire sa préparation stratégique du vol, y compris durant le vol pour les long-courriers », explique Christophe Picco, responsable marketing pour la connectivité.
Connexion entre deux mondes
L’objectif est d’abord de pouvoir bénéficier du travail réalisé en amont par le pilote pour préparer son vol sur une application dédiée en connectant sa tablette directement au FMS. Le plan de vol sera alors chargé et affiché dans le FMS sans passer par un fastidieux travail de ressaisie. Une fois vérifié par l’équipage, il pourra être sélectionné comme plan de vol principal.
Les avantages semblent évident, mais les risques aussi. Cette connexion ouvre une brèche dans un monde avionique jusque-là relativement clos et très contrôlé. Comme le dit Vincent Megaides, « tout l’enjeu pour nous, c’est d’arriver à permettre au pilote d’utiliser ces outils issus du monde ouvert qui bénéficient pleinement de la connectivité et d’insérer de manière entièrement sécurisée les données qui en résultent dans un monde avionique de très haute sûreté ».
Cela devrait passer d’abord par un « sas unidirectionnel » où seront chargées les données venues de l’extérieur. Le FMS pourra alors vérifier l’intégrité et la cohérence des données avant de les intégrer pleinement. Le contrôle des pilotes viendra s’y superposer.
Ce contrôle est d’autant plus nécessaire que Thales veut pouvoir pleinement bénéficier de la connectivité. Tout d’abord avec l’intégration au sol de données météorologiques ou de trafic dans l’application de préparation de vol. Et ensuite – sans doute à plus long terme – la récupération et l’intégration de ces données pendant le vol afin d’ajuster la trajectoire en conséquence. PureFlyt avancerait ainsi vers de la connectivité continue.
Et l’électronicien compte bien aller plus loin. Il a retenu le principe d’une architecture modulaire, capable d’intégrer les futures innovations. PureFlyt pourrait aller ainsi vers des échanges bidirectionnels, avec l’envoi d’informations météorologiques vers le sol et les autres avions en vol, puis la fusion de données pour optimiser encore les trajectoires.
Développement en cours
Avant d’y arriver, il faudra s’assurer pour Thales que toutes les conditions de sécurité et de cybersécurité sont respectées (sachant que les menaces évoluent très vite). Il faudra aussi s’assurer que l’écosystème est apte à prendre en charge ces échanges accrus de données. Pour l’instant, la connectivité au niveau du cockpit ne passe que par les systèmes Inmarsat et Iridium en bande L. Celle-ci n’offre pas le débit ou les faibles coûts des bandes Ku et Ka utilisées en cabine, mais elle est la seule à garantir la robustesse et la continuité du service nécessaire.
Pour l’instant PureFlyt est encore en phase de développement et de certification. Il devrait être disponible en même temps que l’avionique FlytX, à l’horizon 2022. Il devrait alors être proposé aussi bien pour des avions commerciaux que d’affaires, voire militaires. De même, il sera disponible pour des appareils neufs et en rétrofit. Cela semble en tout cas intéresser Airbus avec qui des discussions sont en cours pour équiper l’ensemble de ses appareils.