Le marché de Bombardier semble se réduire comme peau de chagrin. Alors qu’il a revendu progressivement tous ses programmes d’avions commerciaux ces deux dernières années, le constructeur canadien tente désormais de relancer l’autre bout du spectre de son portefeuille de produits : les avions d’affaires de petite taille Learjet, en perte de vitesse depuis trois ans. Il vient ainsi de présenter une nouvelle version de son Learjet 75 (super-léger), baptisée Liberty, mais abandonne en revanche son Learjet 70 (léger).
Pionniers de l’aviation d’affaires dans les années 1960, les Learjet semblent à bout de souffle. A partir de l’an prochain, le Learjet 75 Liberty sera le dernier représentant de cette prestigieuse lignée. S’il devrait apporter quelques améliorations en cabine et en performances, il reste avant tout une amélioration a minima de Learjet 75 « classique » certifié en 2013, lui-même dérivé du Learjet 45 conçu dans les années 1990.
La version raccourcie de l’appareil, le Learjet 70 (dérivé pour sa part du Learjet 40), va elle tout simplement disparaître. Comme le Learjet 75 classique, sa production cessera une fois le backlog actuel livré, mais aucun avion ne viendra le remplacer pour l’instant. Bombardier abandonne ainsi la gamme des avions légers. C’est une nouvelle déconvenue après l’annulation du programme Learjet 85 en 2015, qui avait mis au jour les difficultés que traverse encore aujourd’hui Bombardier.
La Suite Exécutive, avec ses grands espaces. © Bombardier
Plus que quelques machines à produire
Bombardier n’a pas communiqué le nombre de Learjet 70/75 qu’il lui reste à livrer, mais le chiffre n’est vraisemblablement pas énorme. Après un démarrage correct avec 83 avions produits au cours des trois premières années (2013-2015), ces deux avions ont ensuite accusé une perte de vitesse. Les cadences sont tombées à 24 avions en 2016, à 14 l’année suivante et enfin à 12 l’an dernier. Et seuls deux exemplaires ont été livré au premier trimestre 2019. La production devrait donc s’arrêter d’ici le début de l’année prochaine.
Le constructeur canadien affirme que cela ne devrait pas entraîner de réorganisation au niveau industriel, le Learjet 75 Liberty devant « s’intégrer de manière fluide dans la structure de production actuelle ». Il faut tout de même rappeler que Bombardier a lancé un plan de suppressions de 5 000 postes fin 2018, et des départs au niveau des personnels Learjet ne sont donc pas à exclure.
C’est d’autant plus envisageable que le principal argument marketing du Liberty par rapport à son aîné sera une baisse significative de son prix catalogue. Là où la version classique s’affichait à 13,8 millions de dollars, le nouveau venu n’est plus qu’à 9,9 millions de dollars. Si ces chiffres sont plus symboliques qu’autre chose, il va tout de même falloir trouver des marges supplémentaires pour rentabiliser le programme.
La Suite Club, conçue pour quatre passagers. © Bombardier
Quelques améliorations
Outre son prix réduit, le Liberty s’illustre par une nouvelle cabine. Là où Bombardier vantait il y a encore quelques mois encore son aménagement le plus capacitaire du segment – avec huit fauteuils et une place supplémentaires dans les toilettes – il mise désormais sur une configuration dé-densifiée.
La nouvelle cabine se sépare en deux espaces : la Suite Exécutive à l’avant, avec deux fauteuils offrant un espace de 89 cm pour les jambes, et la Suite Club à l’arrière avec quatre sièges. Une place supplémentaire reste aménageable dans les toilettes. Enfin, l’ancienne configuration à huit places est toujours disponible, mais uniquement en option.
Ce gain de poids au niveau de la cabine permet une amélioration des performances, avec une charge utile maximale accrue de 360 kg. Elle passe ainsi à 1 316 kg. Le Liberty offre aussi un allongement marginal de l’autonomie, de 40 nm, pour atteindre 2 080 nm (3 852 km) avec quatre passagers et deux membres d’équipage. Enfin le système de gestion de vol (FMS) a aussi été amélioré.