Doucement mais sûrement, Clean Sky 2 continue d’égrener ses projets de recherche. Et c’est dans ce cadre que vient d’être sélectionné le groupe Nexteam – ou plus exactement Asquini-MGP, l’une des sociétés qui le composent. Le sous-traitant aéronautique français a ainsi annoncé le 4 novembre avoir été retenu par la Commission européenne pour mener à bien le projet STEADIEST (Supercritical composite main drive system), qui consiste à développer une chaîne de transmission de puissance mécanique pour un hélicoptère à rotors basculants (« tiltrotor »), en partenariat avec Conseil et Technique et les Arts et Métiers. L’objectif est de l’intégrer fin 2022 au démonstrateur NextGenCTR (Next generation civil tiltrotor), développé sous la maîtrise d’oeuvre de Leonardo.
Comme son nom l’indique, l’un des enjeux principaux du projet STEADIEST est l’intégration des matériaux composites. L’objectif est de réduire la masse d’une chaîne de transmission qui va s’illustrer par sa taille. Celle-ci devrait en effet mesurer 10 mètres afin de relier les deux ensembles propulsifs basculants (moteur, nacelle, hélice) qui se situeront de part et d’autre de la voilure du futur démonstrateur. Cette interconnexion est une des demandes de Clean Sky 2. Elle doit permettre de transmettre la puissance d’un moteur vers l’hélice opposée pour que l’appareil puisse continuer à voler en cas de défaillance d’un des moteurs. La chaîne doit aussi alimenter une boîte d’accessoires, ce qui va nécessiter un nombre important de roulements.
Cette longueur inhabituelle pour un appareil à voilure tournante va aussi conditionner d’autres éléments du projet. STEADIEST va ainsi intégrer des systèmes d’amortissement, conformément à l’appel à projet de Clean Sky. Asquini-MGP mentionne ainsi des dispositifs semi-actifs pour « l’amélioration du niveau vibratoire et de la stabilité des arbres ». La chaîne devra aussi être à même d’absorber les déformations dues à la flexion des ailes pendant les différentes phases du vol.
L’aspect numérique n’est pas oublié. STEADIEST sera doté d’un système de surveillance intégré, avec un ensemble de capteurs disposés tout au long de la chaîne. Asquini-MGP ouvre ainsi les portes d’une « approche prédictive des opérations de maintenance », qui répond aux objectifs d’amélioration des performances et de réduction des coûts du programme.
Calendrier et budget
Le développement de STEADIEST se déroulera en trois phases. La première année sera consacrée à l’étude de faisabilité et la conception initiale de l’architecture de la chaîne et du système de surveillance. Elle sera sanctionnée par le passage d’une revue de conception préliminaire (PDR). Pendant les quinze mois suivants, Asquini-MGP devra finaliser la conception détaillée et le processus de développement, pour aboutir à une revue de conception critique (CDR) début 2022. Enfin, le projet entrera en phase de prototypage et de test. L’intégration sur le NextGenCTR est donc prévue fin 2022, avec l’objectif d’un premier vol mi-2023.
Chef de projet, Asquini-MGP va mobiliser 10 personnes pour STEADIEST pour « la définition générale de la chaîne de transmission ». L’apport de Conseil et Technique et des Arts et Métiers se situera « dans le développement des arbres composites et des études ». Le projet bénéficiera de 570 000 euros de budget, dont les trois-quarts seront fournis par la Commission européenne au titre du programme de recherche Horizon 2020 (dont fait partie Clean Sky 2).