Alors que la nouvelle Commission européenne se met en place, l’aéronautique entend bien faire entendre sa voix à Bruxelles. C’est notamment le cas à travers l’Association des industries aérospatiales et de défense d’Europe (ASD), qui y tenait sa traditionnelle assemblée générale annuelle le 11 décembre. Elle a notamment pu faire valoir des chiffres positifs, avec la publication de son bilan 2019 (chiffres de 2018), pour appuyer ses arguments.
Dans la continuité des dernières années, l’industrie aéronautique et spatiale européenne – civile et militaire – a vu son chiffre d’affaires croître une nouvelle fois, « en dépit des incertitudes économiques et politiques persistantes » notées par l’ASD. Les entreprises du secteur ont ainsi généré près de 185 milliards d’euros de revenus en 2018, soit environ 5% de plus que l’année précédente. Au contraire d’autres industries, l’aéronautique peut aussi se targuer de peser positivement dans la balance des paiements européenne avec 132 milliards d’euros tirés des ventes à l’export.
Cette hausse du chiffre d’affaires se traduit par des créations d’emplois, qui restent toutefois limitées. En 2018, les entreprises du secteur ont employé 604 500 personnes environ, soit environ 3 000 personnes de plus qu’en 2017. Cela représente une évolution inférieure à 0,5%, loin de la croissance du chiffre d’affaires. Ce différentiel est aussi sensible à plus long terme : alors que les revenus de l’industrie aéronautique et spatiale européenne ont crû de 14% depuis 2015, la progression du nombre de salariés dépasse à peine les 2%.
le civil en pointe
L’aéronautique civile, largement tirée par les succès commerciaux d’Airbus, occupe naturellement la première place de ces différents indicateurs en générant les deux tiers du chiffre d’affaires global et les trois-quarts des ventes à l’export. Suit l’aéronautique militaire, avec un quart des revenus et 17 % des exportations, et enfin le spatial. La donne est identique en termes d’emplois, l’aéronautique civile représentant les deux tiers des salariés, contre un quart pour l’aéronautique militaire.
Pour autant, l’aéronautique civile n’a pas représenté le principal facteur de croissance du secteur, avec un chiffre d’affaires en hausse de 3% et des exportations proches de la stagnation (+1%). Le constat est encore plus contrasté du côté militaire, avec une progression de 2,5% des revenus mais une chute de 8% des exportations.
Contre toute attente, c’est le spatial – principalement civil, le militaire ne représentant qu’une part congrue – qui a tiré l’industrie européenne vers le haut en 2018. Son chiffre d’affaires a bondi de plus de 40%, ce qui représente tout de même près de 4 milliards d’euros supplémentaires par rapport à 2017. Ces résultats apparaissent néanmoins comme contradictoires avec ceux publiés par Eurospace (branche spatiale de l’ASD) en juin dernier, qui faisait état d’un recul de spatial européen. Celui-ci était dû en particulier à une baisse des commandes privées, bien qu’elle fût partiellement compensée par une hausse des commandes institutionnelles. Quoiqu’il en soit, l’année 2018 était vraisemblablement meilleure que ne le sera 2019 pour le spatial européen.