Dernière phase encore très manuelle des vols commerciaux, le décollage tend lui aussi à s’automatiser. Airbus vient d’annoncer, le 16 janvier, avoir réalisé un premier décollage à vue automatique. Derrière ce qui semble un oxymore se cache un système de reconnaissance d’image installé à bord du prototype de l’A350-1000. Plusieurs décollages ont ainsi eu lieu lors d’une session d’essais mi-décembre sur l’aéroport de Toulouse-Blagnac.
Le premier vol s’est tenu le 18 décembre à 10h15 exactement, sous le commandement de Yann Beaufils avec un copilote et trois ingénieurs à bord. Après avoir aligné l’appareil avec l’axe de la piste et indiqué la vitesse de rotation, l’équipage a engagé le pilote automatique, enclenché l’automanette sur « FLEX » (décollage à poussée réduite) et laissé l’avion faire le reste.
« L’avion s’est comporté comme prévu lors de ces essais clefs. […] On a mis les manettes des gaz sur le réglage de décollage et on a surveillé l’avion. Il s’est mis à se déplacer et à accélérer automatiquement en maintenant l’axe de piste, à la vitesse de rotation exacte entrée dans le système. Le nez de l’avion a commencé à se soulever automatiquement pour prendre la valeur d’assiette de décollage prévue et quelques secondes plus tard, nous étions en vol », a expliqué Yann Beaufils. Huit décollages ont ainsi eu lieu en quatre heures et demie.
Durant toute la séquence de décollage, une caméra fixée dans l’axe de l’appareil a filmé la piste. Un algorithme de reconnaissance visuelle a traité en temps réel les images recueillies afin de s’assurer du bon positionnement de l’avion par rapport aux bandes au sol indiquant l’axe de la piste et du maintien de sa trajectoire. Dès lors, l’avion n’avait plus besoin d’une intervention humaine ou de se caler sur l’ILS de l’aéroport pour décoller.
Ces essais s’inscrivent dans le cadre du projet ATTOL (Autonomous Taxi, Take-Off & Landing) lancé en juin 2018 par Airbus pour explorer les voies de l’autonomisation. Il devrait se poursuivre mi-2020 avec des essais de roulage et d’atterrissage visuels automatiques.
Visualisation de la reconnaissance de la piste et de l’algorithme de traitement des images. © Airbus