Ce sera donc Toulouse. Depuis plusieurs mois, Airbus avait engagé une réflexion sur la création d’une nouvelle ligne d’assemblage final (FAL) pour l’A321neo, devenu un de ses best-sellers ces dernières années. Le 21 janvier, l’état-major du groupe a tranché en faveur du site occitan, qui faisait figure de favori face à Hambourg en Allemagne. La nouvelle installation ouvrira mi-2022 au sein de l’usine Jean-Luc Lagardère, actuellement dévolue à l’A380.
Ce sera la première fois que Toulouse produira des A321neo, dont la production était jusqu’ici concentrée en Allemagne et à Mobile, aux Etats-Unis. Un choix qui tient, selon Airbus, à plusieurs facteurs : « compétitivité globale, délai de commercialisation, coût d’investissement, surface au sol et ressources disponibles. » Le constructeur rompt ainsi avec la priorité donnée à Hambourg pour l’assemblage des moyen-courriers, en échange de laquelle la ville rose avait le monopole sur les long-courriers.
Nouvelle génération
Cette installation devrait permettre de créer un saut technologique par rapport aux installations actuelles de la famille A320 à Toulouse – vieillissantes – avec une FAL de « nouvelle génération », précise Michael Schoellhorn, directeur des opérations d’Airbus. Elle devrait intégrer un certain nombre d’innovations avec « les dernières technologies numériques, dans le cadre d’une modernisation du système de production de l’A320 à Toulouse », ajoute le constructeur dans son communiqué. La robotisation devrait être fortement présente comme c’est le cas pour la quatrième FAL hambourgeoise inaugurée en 2018.
Selon Michael Schoellhorn, Airbus va « gagner en capacité et flexibilité globale de production pour l’A321 ». Il s’agit ainsi de répondre à la « forte demande qui atteint des niveaux sans précédent pour notre famille leader A320neo, en particulier ses dérivés A321 long-courrier (LR) et très long-courrier (XLR) ».
L’A321neo possède en effet un carnet de commandes de 3 255 appareils, dont 290 ont été livrés. Avec 490 commandes brutes en 2019, c’est l’avion commercial qui s’est le mieux vendu à travers le monde l’an dernier. A lui seul, l’A321XLR – lancé en juin 2019 au salon du Bourget – a récolté plus de 450 commandes fermes et engagements auprès de 22 opérateurs en seulement six mois. La FAL de Toulouse sera d’ailleurs parfaitement positionnée pour participer à son entrée en service en 2023.
Besoin de flexibilité
Au-delà de la montée en cadence, Airbus cherche aussi des marges pour mieux gérer l’assemblage de l’A321neo, plus complexe que celui de l’A320neo notamment dans sa version ACF (Airbus Cabin Flex). L’installation de cette cabine flexible sur un plus grand nombre d’avions qu’attendu est à l’origine de retards de livraisons l’an dernier.
« Nous avons trébuché dans l’industrialisation de la montée en cadence de cette nouvelle cabine », avait ainsi admis Christian Scherer, directeur commercial d’Airbus, en décembre. Une réaction était donc nécessaire, d’autant qu’en 2020 la cabine ACF, qui était jusqu’ici proposée en option, deviendra standard sur tous les A321neo
Après avoir livré 102 exemplaires de l’A321neo en 2018 et 168 l’an dernier, Airbus va donc pouvoir continuer à accélérer le programme. Le constructeur avait déjà annoncé au début du mois une augmentation des cadences pour la famille A320neo – et donc pour l’A321neo – sur son site de Mobile. La part de l’appareil dans les livraisons devrait donc sensiblement augmenter dans les prochaines années.
Cette décision est aussi une bouffée d’air frais pour les salariés de la plateforme toulousaine, en particulier ceux de l’usine Jean-Luc Lagardère. Ceux-ci vont être confrontés à l’arrêt de la production de l’A380 l’an prochain. La CFE-CGC Aéronautique s’est ainsi félicitée de cette nouvelle, y voyant « l’assurance de la pérennité du site industriel toulousain », ainsi que la reconnaissance de sa capacité et de sa compétitivité.
Vue d’artiste du futur A321XLR. © Airbus