Habitué à évoluer dans l’ombre des géants Airbus et Boeing, Embraer semble aujourd’hui totalement éclipsé du paysage médiatique. Certes l’actualité lourdement chargée du 737 MAX ne laisse que peu de place, mais le constructeur brésilien est somme toute très discret depuis l’annonce de son rapprochement avec Boeing.
Difficile de dire quel sera le poids réel d’Embraer dans sa coentreprise avec Boeing pour les avions commerciaux. Non seulement, le constructeur brésilien ne possédera que 20% du capital alors qu’il conçoit et produit les appareils – en l’occurrence la famille E-Jets E2 – mais en plus son nom disparaît de l’affiche au profit de Boeing Brasil – Commercial. Embraer va donc perdre sa capacité à mener des programmes en toute indépendance et sera soumis au bon vouloir de Boeing pour tout nouveau projet, comme un possible futur turbopropulseur.
Certes, ses avions régionaux disposeront de l’immense puissance commerciale du géant américain, mais celui-ci fera-t-il tous les efforts nécessaires pour les mettre en avant ? Autant Airbus peut arriver vers une compagnie et lui offrir le choix entre l’A220 et l’A320neo comme le rappelait son directeur commercial Christian Scherer il y a peu, autant il sera compliqué pour Boeing de démarcher simultanément un opérateur avec un E-jet E2 et le 737 MAX au vu de l’écart entre les deux appareils.
Avant que tout cela se concrétise, Embraer et Boeing doivent obtenir l’aval de la Commission européenne sur le respect de la concurrence. Après l’accord inconditionnel octroyé par Brasilia, le 27 janvier, c’est le seul qui manque encore. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que Bruxelles semble même traîner des pieds.
La Commission a lancé une enquête approfondie sur la création de la coentreprise le 4 octobre 2019. Elle avait jusqu’au 20 février pour prendre une décision, au lieu des 25 jours ouvrables de la procédure simple. Depuis, elle a repoussé la date butoir de dix jours, avant de suspendre par deux fois son travail d’enquête : la première fois entre le 5 novembre et le 6 janvier et la deuxième fois le 21 janvier jusqu’à une date encore indéterminée. La décision finale pourrait donc n’arriver qu’en mai prochain, voire au-delà.