Objectif rentabilité. Guillaume Faury, PDG d’Airbus, a été clair lors de la présentation des résultats annuels 2019, le 13 février à Toulouse. Il souhaite « poser les fondations d’une croissance durable » pour son groupe en 2020. Cela va passer principalement par une amélioration de la rentabilité, placée en tête de liste des priorités. Le patron d’Airbus prévoit ainsi une amélioration des points forts du groupe, à commencer par les avions commerciaux, mais aussi une restructuration chez Airbus Defence & Space.
Si l’amélioration de la rentabilité est depuis plusieurs années un impondérable de l’industrie aéronautique, elle revêt une importance toute particulière pour Airbus cette année. Le groupe européen d’aéronautique et de défense a vu sa performance financière largement impactée par les pénalités dues aux affaires de corruptions, une nouvelle charge pour l’A400M, les coûts d’arrêt du programme A380… soit plus de 5,6 milliards d’euros à retraiter d’un résultat opérationnel pourtant bon. Airbus est donc décidé à renforcer son assise financière pour se préserver de tels aléas.
Rythme de croisière pour l’A320neo
Le premier chantier sera d’optimiser le principal actif du groupe, avec la stabilisation et pérennisation de la montée en cadence de la famille A320neo. Celle-ci a connu une croissance de 43% en 2019 par rapport à 2018, avec 551 appareils livrés. Guillaume Faury veut pouvoir assurer sa production de façon « plus lisse » que l’an passé, et arriver à un rythme de 63 avions par mois d’ici 2021. Il entend ainsi répondre à ses engagements vis-à-vis de ses clients, et atteindre l’objectif de 880 livraisons en 2020.
Cela implique de régler le problème d’industrialisation des Airbus Cabin Flex (ACF) sur les A321neo, dont la complexité est à l’origine de retards de production l’an dernier. La plupart des problèmes ont déjà été adressés selon le patron d’Airbus. L’avionneur doit aussi finir d’absorber les retards pris en 2017 et 2018 à cause des retards connus par les motoristes Pratt & Whitney et CFM International pour la famille A320neo. Pour Guillaume Faury, cela prendra encore environ 18 mois pour revenir à la situation nominale. Cela n’empêche par Airbus de préparer le futur, avec l’objectif de passer à 65 avions par mois fin 2022 puis 67 fin 2023.
L’A220 sera aussi au centre des attentions. Airbus, désormais propriétaire à 75% du programme (100% en 2026), entend continuer le développement commercial de l’appareil mais aussi se pencher sérieusement sur l’amélioration de la rentabilité du programme. Maintenant que la production américaine est lancée à Mobile (Alabama), le constructeur veut assurer la montée en cadence progressive du programme, tout en réduisant les coûts récurrents. Les deux usines ont un potentiel de production de 160 à 170 appareils par an, ce qui doit permettre d’atteindre la rentabilité du programme vers le milieu de la décennie selon Dominik Asam, directeur financier du groupe.
Pour le long-courrier, Airbus veut améliorer la profitabilité de l’A350. Guillaume Faury a annoncé que la production devrait se stabiliser entre neuf et dix appareils par mois, compte tenu de la demande actuelle et de l’état de la concurrence. De même, l’A330neo devrait être limité une quarantaine de livraisons par an.
Les divisions ne sont pas oubliées
Airbus Helicopters et Defence & Space seront aussi concernés. « Nous allons poursuivre notre travail pour améliorer notre résistance et notre compétitivité pour affronter des marchés difficiles », a annoncé Guillaume Faury. Les hélicoptères semblent sur le bon chemin avec un dynamisme certain sur les machines lourdes en 2019 et l’apport croissant des services.
Cela devrait être plus compliqué pour la division militaire et spatial, qui a vu son profit opérationnel réduit de 40% entre 2018 et 2019. « Nous allons aussi ajuster notre structure de coûts pour renforcer notre performance financière et nous préparer pour le futur », a prévenu le patron d’Airbus. Un plan de restructuration est ainsi à l’étude avec les syndicats et devrait être lancé prochainement. Il en sera de même chez la filiale d’aérostructures Premium AEROTEC.