C’était la dernière année d’Embraer tel que nous le connaissions. Et ce ne sera pas la plus fameuse. Malgré un chiffre d’affaires reparti à la hausse, le constructeur brésilien a vu ses marges se détériorer en 2019 et a fini l’exercice dans le rouge. Embraer se prépare désormais à vivre une année atypique entre la crise sanitaire qui frappe le monde – avec une situation rendue encore plus précaire au Brésil en raison de la gestion ubuesque du président Jair Bolsonaro – et la vente de ses activités d’avions commerciaux à Boeing.
En 2019, Embraer aura engrangé un chiffre d’affaires de 5,5 milliards de dollars, en croissance de près de 8% par rapport à 2018 et en accord avec ses prévisions. Les activités d’aviation d’affaires et de défense & sécurité ont été les plus dynamiques avec des croissances de plus de 25%, respectivement à 1,4 milliard de dollars et 775 millions. Pas moins de 109 jets d’affaires ont ainsi été livrés l’an dernier, contre 91 en 2018, mettant ainsi fin à une baisse continue depuis 2015 (120 jets livrés). Le mix a aussi été plus favorable avec 20 appareils à large cabine supplémentaires. Les activités de services ont aussi progressé de près de 7% pour dépasser pour la première fois la barre du milliard de dollars.
Le point noir est venu des avions commerciaux, avec une baisse de plus de 5% à 2,2 milliards de dollars. Embraer a certes respecté sa fourchette de prévisions avec 89 livraisons, mais c’est tout de même une troisième année de baisse consécutive avec des E-Jets E2 qui peinent à décoller commercialement. En 2016, le constructeur livrait 108 appareils commerciaux. Ceux-ci ne représentaient plus que 41% du chiffre d’affaires total en 2019 (-3 points par rapport à 2018).
Mauvaises finances
Le résultat opérationnel (EBIT) a basculé dans le rouge avec une perte de 77 millions de dollars, contre un bénéfice de 35 millions en 2018. Ce résultat a été impacté par une charge de dépréciation de 72 millions de dollars pour les jets d’affaires, mais serait resté dans le rouge quoi qu’il en soit, avec un résultat opérationnel ajusté de -5 millions de dollars. Celui-ci dépassait les 220 millions de dollars en 2018, malgré près 190 millions de charges exceptionnelles sur les jets d’affaires déjà et sur le programme KC-390.
Le résultat net plonge aussi, avec une perte de nette de 322 millions de dollars, contre 178 millions en 2018. Embraer s’est tout de même attaché à dégager des liquidités, à hauteur de 2,8 milliards de dollars (trésorerie disponible et investissements financiers) et en réduisant sa dette financière au cours du dernier trimestre 2019. Ce ne sera pas de trop au vu de la crise provoquée par le coronavirus. Le bilan tout de même négatif sur l’année avec une dette nette en hausse à 612 millions de dollars fin 2019, contre 440 un an auparavant.
En raison du coronavirus, aucune prévision n’a été avancée pour 2020. Sans compter que le futur d’Embraer sera largement déterminé par l’intégration de ses programmes d’avions commerciaux au sein de la coentreprise Boeing Brasil – Commercial, qui sera détenue à 80% par Boeing et seulement à 20% par l’avionneur brésilien. Un partenariat dont la concrétisation reste encore suspendue à la décision de la Commission européenne quant au respect de la concurrence. L’échéance, une nouvelle fois repoussée, est désormais fixée au 23 juin.