Cela aura été plus long que prévu, mais Boeing redevient un constructeur. Après plus de trois semaines d’arrêt pour limiter la propagation du COVID-19, le groupe annoncé la reprise de ses activités d’assemblage d’avions civils dans son bastion du Puget Sound, à côté de Seattle (État de Washington), le 17 avril. Le redémarrage sera progressif à partir du 20 avril pour l’ensemble des programmes. Environ 27 000 employés vont ainsi reprendre le travail sur site, tandis que ceux dont la fonction est éligible au télétravail resteront chez eux.
Ce sont d’abord les programmes 737, 747, 767 et 777 qui reprendront le lundi 20 avril. La reprise se fera à partir de la troisième équipe de travail, soit celle du soir. L’essentiel des salariés arrivera donc à son poste le lendemain. Un processus similaire sera mené pour le 787, à partir du 23 avril. Stan Deal, PDG de Boeing Aviation Commerciale (BCA) estime que : « Grâce à cette approche par étapes, nous disposons d’une base d’approvisionnement fiable, nos équipements de protection individuelle sont rapidement accessibles, et toutes les mesures de sécurité nécessaires sont mises en oeuvre pour reprendre les activités essentielles pour nos clients. »
Mesures drastiques
Comme chez Airbus, ce redémarrage s’accompagne de mesures d’hygiène et de nettoyage renforcées, avec pour éviter la transmission de la maladie. Les employés seront soumis à des règles de distanciation physique, matérialisées à l’aide de repères visuels, ainsi qu’à un échelonnement des horaires d’arrivée et de départ pour limiter les interactions lors des changements d’équipes.
Boeing invite ses salariés à se munir de leurs propres masques de protection, mais assure qu’il en fournira à ceux qui n’en ont pas. Il ajoute qu’il fournira des équipements de protection individuelle (EPI) lorsque les distances de sécurité ne pourront être respectées.
Le constructeur annonce que « l’état physique des employés sera contrôlé au début de chaque poste de travail », avec de possibles prises de température à leur demande. Les salariés malades sont invités à rester chez eux et signaler leur état pour établir les contacts possibles avec leurs collègues.
Boeing a pu étalonner ces mesures depuis le début de la semaine avec le redémarrage de ses activités de défense dans la région. Environ 2 500 salariés ont ainsi déjà repris le chemin du travail. La prochaine étape sera de les exporter vers son site de Charleston, en Caroline du Sud. Les activités de production, dédiées au 787, y sont arrêtées depuis le 7 avril. Aucune date n’a été avancée.
Déjà durement frappé par l’arrêt de la production du 737 MAX, qu’il espère toujours redémarrer, Boeing n’a livré que cinquante appareils commerciaux au cours du premier trimestre 2020. C’est trois fois moins qu’en 2019 sur la même période, alors que le constructeur subissait déjà les premiers effets de la crise du 737 MAX (suspension des livraisons mi-mars).
Dans le même temps, Boeing subit une chute des commandes – seulement 49 appareils au premier trimestre, deux fois moins qu’en 2019 – et une explosion des annulations. Au final, son carnet de commandes accuse un recul net de plus de 300 appareils.