Le concept de MALD (Miniature Air Launched Decoy) continue de séduire aux États-Unis. Une nouvelle version de ces leurres miniatures aéroportés a été testée par le Pentagone, avec deux séries de vol d’essais libres, les 20 et 22 août au Centre naval de guerre aérienne de Point Mugu (Californie). Baptisée MALD-X, elle est développée par Raytheon en coopération avec l’US Air Force et l’US Navy, sous l’égide du Bureau des capacités stratégiques (SCO) du Sous-secrétariat à la défense pour la recherche et l’ingénierie. Elle devrait ainsi équiper les deux armes.
Ces deux essais, jugés complexes par le Pentagone, viennent sanctionner une période de développement et de démonstration de 24 mois. Celle-ci avait été lancée en juillet 2016 par la signature d’un contrat de 35 millions de dollars entre l’US Air Force et Raytheon.
Le programme devrait désormais évoluer vers une phase de préparation opérationnelle, probablement menée par l’US Navy à en croire Chris Shank, directeur du SCO : « Le MALD-X est en train d’être confié à l’US Navy pour achever le développement du système et la transition vers une capacité opérationnelle. » Celle-ci avait en effet exprimé en début d’année un besoin pour une version intégrable sur ses Super Hornet, dénommée MALD-N (pour « Navy »).
Cette étape devrait faire l’objet d’un nouveau contrat avec probablement une première commande. Une nouvelle phase de démonstration est en tout cas déjà prévue pour l’an prochain afin de poursuivre le développement de nouvelles capacités.
Evolution du MALD-J
Le MALD-X se présente comme une version améliorée du MALD-J, développé par Raytheon à la fin des années 2000 et entré en service en 2012. Il intègre ainsi des capacités de guerre électronique améliorées et des moyens de liaison de données renforcés afin de pouvoir interopérer en réseau avec d’autres plateformes. Il s’inscrit ainsi dans les nouveaux préceptes tactiques de la guerre aérienne, articulés autour de systèmes de systèmes.
Cette nouvelle version se veut aussi plus modulaire, afin d’y intégrer des charges utiles voulues par l’US Air Force ou l’US Navy. Cela doit aussi permettre l’évolution rapide des capacités du leurre dans les années à venir.
Enfin le MALD-X disposera de la possibilité d’évoluer à basse altitude. Ses autres performances devraient rester identiques, avec une autonomie de l’ordre de 500 nautiques (956 km) et 90 minutes. Malgré l’ajout de nouvelles capacités, il devrait conserver une masse inférieure à 136 kg pour une longueur de 3 m et une voilure déployable d’une envergure de 1,5 m.
Des MALD sous l’aile d’un B-52 de l’US Air Force. © Raytheon
Saturer les défenses adverses
Le MALD s’appuie sur un concept développé à la fin des années 1990 par l’US Air Force avec Northrop Grumman avec l’ADM-160A, resté au stade du démonstrateur. Il est devenu opérationnel dans les années 2000 avec l’ADM-160B MALD de Raytheon. Ce leurre est conçu pour reproduire la signature radar d’un avion ami, afin de saturer les systèmes de détection ennemis lors d’une opération.
Plusieurs MALD, largués par des avions de transport ou directement par des chasseurs, peuvent ainsi être envoyés en avant de la véritable force d’attaque pour lui servir de plastron lors de son entrée en territoire hostile. Cela oblige aussi les défenses ennemies à se révéler et donc à s’exposer à des frappes. L’US Air Force entend ainsi réduire les risques pour ces pilotes avec une solution à moindre coût.
La plateforme de l’ADM-160B MALD a ensuite été reprise pour l’ADM-160C MALD-J (pour « jamming »), avec l’adjonction de premières capacités de guerre électronique, notamment un brouilleur de radar. De nouveaux équipements ont été progressivement intégrés. L’an dernier, le MALD-J a ainsi été doté d’un système de navigation anti-brouillage GAINS II, basé sur un GPS couplé à une centrale de navigation inertielle. Le système a ainsi dépassé son simple rôle de leurre.