A Marseille, au cours d’une réunion de chefs d’État, un quadcopter de 25 centimètres de diamètre se dirige vers la zone interdite. Repéré par une caméra de surveillance de la ville, il est rapidement suivi, quasiment de bout en bout, jusqu’à sa neutralisation. Tel est le scénario joué par Thales, qui présentait à l’occasion du salon Eurosatory son concept de tracking prédictif, soit un algorithme capable de prédire la trajectoire d’un drone lorsque celui-ci sort du champ de détection.
« L’idée est de pouvoir fournir une situation aérienne enrichie, fluide et en temps réel », explique le concepteur du projet chez Thales, tout en évitant une des faiblesses du senseur, la perte de contact à cause d’un obstacle. « Nous avons développé le tracking prédictif, qui permet, dès qu’on perd le visuel, de se voir proposer des trajectoires pour savoir où pourrait se diriger le drone ». Le tracking prédictif, la capacité à calculer des probabilités de trajectoire, « permet d’avoir un continuum de situation », aussi bien en conduite qu’en prévision. En plus des moyens aériens engagés pour délimiter la zone de survol (AWACS, Rafale ou Fennec dans le cadre d’un DPSA), le Smart sensor grid permet d’avoir une vision de ce qui se passe à basse altitude.
Les algorithmes de prédiction se lancent dès la sortie du champ de détection et ne s’arrêtent que lorsque les capteurs ont de nouveau détecté le drone. L’opérateur peut par la suite prévenir les forces présentes au sol, afin d’envisager les mesures qui s’imposent pour contrer la menace, interception ou destruction, en fonction de la zone survolée.
Le Smart sensor grid est étudié depuis le mois de septembre 2015, le programme a encore « un beau potentiel de développement » devant lui, capable d’être adapté en fonction de la demande du client – qui pourra aussi bien être civil que militaire. « Ce concept peut intéresser les grandes cités comme Singapour ou Mexico par exemple, mais aussi les forces armées ou les forces de police, tous les types de marchés où il y a besoin de fusion de données et de tracking prédictif », précise-t-on chez Thales. Le besoin a d’ores et déjà émergé, l’équipementier français serait « en discussion » avec des clients potentiels.