La Direction générale de l’armement (DGA) et l’état-major des armées (EMA) planchent actuellement sur la définition de ce que pourrait être le futur hélicoptère interarmées léger (HIL), destiné à remplacer les flottes de Fennec, Gazelle, Dauphin, Puma et Alouette III des trois armées d’ici un peu plus de dix ans. Le programme, « anticipé » grâce à l’actualisation de la Loi de programmation militaire, doit « faire l’objet d’une étude d’ici 2017 », afin notamment de déterminer les besoins des trois armées en matière de voilures tournantes et d’évaluer la faisabilité d’une flotte commune. Il s’agit ainsi de « stabiliser les besoins opérationnels » et d’analyser les différentes options à disposition.
« Nous utilisons un outil de simulation pour figurer le besoin de chacune des armées, afin d’évaluer le juste besoin pour les trois composantes », nous indique-t-on au sein d’une équipe qui regroupe des officiers programmes, la DGA et l’EMA. L’outil « collaboratif » permet ainsi de comparer les données en termes de performances sur un type de mission en particulier. Trois types d’hélicoptères sont évalués, les appareils de la classe des 3, 4 et 5 tonnes. Les essais effectués sur le simulateur et qui nous ont été exposés comparaient notamment le temps d’autonomie au-dessus d’une zone maritime, en fonction du tonnage. « Le simulateur permet d’évaluer les performances des différentes plateformes selon l’autonomie et le temps d’accès sur zone, le plafond ou encore la masse d’emport, selon six missions dimensionnantes, en prenant en compte la configuration de mission et les conditions de la mission telles que la pression, la température et l’altitude », nous détaille-t-on.
« Nous mesurons les performances pour pouvoir se poser la question suivante : sommes-nous capables avec cet outil d’avoir des exigences pour tous », explique-t-on. Tout l’enjeu sera de concevoir des appareils « aussi légers que la Gazelle et aussi lourds que le Puma », comme l’indiquait à l’hiver dernier le général Charles Beaudoin, directeur de la Section technique de l’armée de terre, au cours d’une audition par l’Assemblée nationale.
Le futur programme doit en effet combiner un certain nombre d’exigences opérationnelles, qui ne sont pas forcément toutes compatibles entre elles, au vu de l’éventail des missions (SAR, transport, MASA) et des environnements d’emploi (avec notamment la lutte contre la corrosion en milieu maritime), le tout condensé dans un hélicoptère d’environ quatre tonnes. Plusieurs modèles seraient envisagés, de l’hélicoptère H145M (quatre tonnes) au H160 d’Airbus Helicopters, malgré son poids affiché à six tonnes.
Trois choix de format sont actuellement sur la table : une flotte unique pour les trois armées, avec des équipements spécifiques en fonction du type de mission ; une flotte centrale avec des flottes complémentaires pour le petit ou le grand gabarit ; un remplacement de flotte à flotte, c’est-à-dire des appareils spécifiques à chaque mission, qui enterre de fait le concept du HIL. Une grille de comparaison devrait permettre « d’optimiser la réflexion » sur ce programme complexe. L’outil de simulation a été mis en place en 2013 et est utilisé par l’équipe programme depuis 2015, l’objectif étant de présenter un « dossier de choix » fin 2016, pour un choix en 2017.
Le futur hélicoptère léger des forces françaises devrait théoriquement remplir plusieurs types de missions : transport, soutien logistique, SAR, appui au commandement, formation. Le besoin est évalué à 160-180 machines – dont 80 pour le remplacement des Gazelles de l’ALAT – livrables à partir de 2028.