La diversité est une force. A n’en pas douter, cette maxime s’applique à Thales qui profite de ses différents secteurs d’activité pour équilibrer ses comptes. La bonne tenue de sa division Défense & Sécurité compense ainsi les faiblesses du marché du spatial, tandis que la croissance est apportée par l’intégration de Gemalto.
Avec 8,2 milliards d’euros engrangés au cours des six premiers mois de l’année, le chiffre d’affaires de Thales a crû de quasiment 10% par rapport au premier semestre 2018. Cette progression est principalement le fait de la consolidation des résultats de Gemalto dans les comptes du groupe, sans quoi il afficherait un recul de 0,5%. Le constat est le même pour les prises de commandes. Avec 7 milliards d’euros, elles affichent une croissance totale de 10% mais une variation organique de -1%.
Thales enregistre aussi une progression de son résultat opérationnel, à 820 millions d’euros, soit 8% de plus qu’au premier semestre 2018. Cette hausse étant moins forte que celle du chiffre d’affaires, le groupe accuse donc un léger recul de sa marge opérationnelle (-0,2 point), qui passe à 10%. Le résultat net suit la même tendance que le résultat opérationnel (+7%) et atteint 574 millions d’euros.
La défense en pointe
Dans le détail, le premier semestre 2019 a été porté par l’activité Défense & Sécurité. Elle a ainsi affiché un bon dynamisme avec une progression de près de 6% de son chiffre d’affaires par rapport au premier semestre 2018, et même de 7% à périmètre constant. Le secteur engrange ainsi 3,9 milliards de revenus. Cette performance est largement due à la croissance rencontrée sur les marchés matures depuis quelques années.
C’est aussi le cas pour les commandes, avec six contrats majeurs à plus de 100 millions d’euros : vente de radars mobiles aux Pays-Bas, contrat de soutien pour une armée européenne, fourniture d’équipements d’hélicoptères à l’armée indienne, conception et réalisation du segment sol pour le satellite de radiocommunication Syracuse IV, livraison de systèmes électroniques pour les véhicules Scorpion belges et français (projet CaMo) et contrat de maintenance à long-terme pour l’armée de l’air française. Cela permet au secteur de totaliser 3,8 milliards de commandes au premier semestre (+14% par rapport à la même période en 2018, et +16% en organique), et d’afficher un « book to bill » proche de 1.
L’espace en retrait
Le bilan s’avère beaucoup moins favorable pour le secteur Aérospatial. Le chiffre d’affaires recule de 6% par rapport au premier semestre 2018, à 2,6 milliards d’euros. La baisse est encore plus nette à périmètre constant (-7%). Thales argue que c’est uniquement le fait du marché spatial, « l’ensemble des activités d’Avionique s’inscrivant en croissance organique ». Le constat est encore plus flagrant pour les prises de commandes, avec une baisse de 14%, à 1,8 milliard d’euros. Seul projet SpainSat NG, avec la commande de deux satellites géostationnaires par l’Espagne, dépasse les 100 millions d’euros. Le book to bill est ainsi inférieur à 0,7.
Pour Thales, cette situation reflète « l’attentisme prolongé des clients sur le marché des satellites de télécommunications commerciaux combiné à la livraison des derniers satellites de la constellation Iridium et à la fin de certains projets militaires ». La baisse du chiffre d’affaires et la mollesse des commandes devraient donc se poursuivre sur le reste de l’année, ainsi qu’en 2020. « Sur 2019, la décroissance de l’activité spatiale est d’environ 10% (…). Progressivement, elle va reprendre sa marche en avant. On reste tout à fait positifs sur le moyen-long terme », a déclaré Pascal Bouchiat, directeur financier de Thales, à l’AFP.
Thales a confirmé ses prévisions pour l’ensemble de 2019, avec « l’accélération de la dynamique commerciale dans les activités militaires compensant le ralentissement du marché des satellites de télécommunications ». Le groupe vise ainsi un peu plus de 18 milliards d’euros de prises de commandes sur l’année, contre 16 milliards en 2018. Et il estime que la croissance organique de son chiffre d’affaires se situera dans la fourchette basse de ses prévisions, soit 3 à 4%. Cela devrait l’emmener autour de 16,5 milliards d’euros.