La résilience ne vaut que dans la durée. Voilà bientôt deux semaines que le président de la République, Emmanuel Macron, a annoncé le lancement de l’opération Résilience dédiée « à l’aide et au soutien aux populations ainsi qu’à l’appui aux services publics pour faire face à l’épidémie de Covid-19 ». Après avoir commencé les premières évacuations aéromédicalisées en urgence dès le 18 mars, les moyens aériens militaires inscrivent désormais leur mobilisation dans la durée. Les appareils de l’armée de l’Air, comme ceux de l’aviation légère de l’armée de Terre (ALAT), sont très sollicités. Voici un bilan pour les aviateurs, arrêté au 5 avril.
L’A330 MRTT Phénix a été le premier a être mobilisé avec son Module de réanimation pour patient à haute élongation d’évacuation (Morphée). Après l’évacuation de six personnes atteintes du Covid-19 de Mulhouse vers des hôpitaux de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur, l’appareil de l’armée de l’Air a poursuivi ses opérations depuis. Il tient le rythme d’un vol tous les trois jours pour évacuer six malades à chaque fois, depuis les hôpitaux de la région Grand Est vers le reste de la France ou l’Allemagne. Il a ainsi effectué sa sixième mission le 3 avril et la septième ne devrait donc pas tarder.
Alors que l’Ile-de-France a supplanté le Grand Est comme épicentre de l’épidémie, l’armée de l’Air a mis en place un plot avancé sur la base aérienne 107 de Villacoublay pour transférer des patients depuis le Centre médical d’évacuation d’Orly vers le reste de la France. Opérationnel depuis le 1er avril, il concentre trois Caracal, deux Puma et un CASA CN-235. Un A400M de la 61e Escadre de transport d’Orléans les a rejoint le 2 avril au soir. Le plot est ainsi en mesure d’évacuer 30 malades par jour.
Adaptation à marche forcée
Ces opérations sensibles en raison du risque de contagion ont dû faire l’objet d’une procédure spéciale. En ce qui concerne l’hélitransportation, elle a été arrêtée le 31 mars, après des essais et la validation du CEAM à Mont-de-Marsan et Cazaux. Les premières évacuations ont débuté dès le lendemain sur Caracal depuis le plot avancé de la BA 107.
L’A400M se montre particulièrement actif, alors que les appareils de l’armée de l’Air ne disposaient pas de capacité d’évacuation sanitaire adaptée jusque-là. La DGA a réussi en urgence, avec le concours du SIAé et l’assistance de son homologue britannique Defense Equipement and Support, à intégrer les modules de soins intensifs du SAMU à bord. L’avion a fait ses premières évacuations le vendredi 3 au soir, soit un jour après son arrivée à Villacoublay. Depuis, il enchaîne les missions, quatre au total en l’espace de 48 heures, avec quatre patients à chaque fois.
D’autres appareils de l’armée de l’Air sont mobilisés pour la logistique. Le 1er avril, un KC-130J de l’ET 1/61 Franche-Comté et un C160 Transall de l’ET 2/64 Anjou ont ainsi assuré le transport vers l’ile-de-France de, respectivement, 41 soignants depuis l’ouest de la France et 18 depuis le sud. Le KC-130J a opéré une nouvelle rotation le 5 avril pour permettre le retour de soignants franciliens depuis Quimper après leur participation à une évacuation en TGV médicalisé.