En ces temps confus, il arrive que certaines nouvelles passent sous le radar. C’est le cas de la sélection par l’US Army du 360 Invictus et du Raider X pour son programme de Futur aéronef de reconnaissance et d’attaque (FARA) fin mars. Les deux projets d’hélicoptères, menés respectivement par Bell et Sikorsky (groupe Lockheed Martin), sont ainsi les finalistes de la compétition au détriment de d’AVX et L3, Boeing et Karem Aircraft.
Cette sélection marque la fin de la première phase de la compétition, à savoir la conception préliminaire d’un appareil par chacun des cinq candidats. Les deux finalistes doivent désormais passer à la phase deux, avec la conception détaillée, le développement et le test d’un prototype. Celle-ci se conclura à l’issue d’une campagne d’essais en vol d’évaluation menée par l’US Army et le Department of Defense (DoD), d’ici l’automne 2023. La compétition entrera alors dans sa dernière phase, avec une décision finale en 2028.
Le Raider X © Sikorsky
Conceptions opposées
Avec le Bell 360 Invictus et le Sikorsky Raider X, l’US Army s’est offert le choix entre une conception somme toute relativement classique et un projet plus novateur.
Le premier s’appuie sur des technologies matures avec une configuration classique. Il dispose d’une tête de rotor principal articulée et carénée et un rotor anticouple incliné – comme sur le H160 d’Airbus Helicopters – pour permettre des missions à haute vitesse (l’une des caractéristiques demandées par l’US Army). L’Invictus embarque aussi un groupe auxiliaire de puissance (APU), capable de fournir un surcroit de puissance en vol. Il comprend enfin des moignons de voilure qui permettent l’emport d’armement, mais qui sont aussi qualifiés « d’ailes d’assistance au décollage ». L’hélicoptère de Bell affiche ainsi un rayon d’action de 135 nm et plus de 90 minutes d’autonomie sur zone, ainsi qu’une vitesse de croisière supérieure à 180 noeuds.
Dérivé du S-97 Raider, lui-même inspiré du démonstrateur X2, le Raider X reprend le concept de deux rotors quadripales coaxiaux et contrarotatifs rigides doublés d’une hélice propulsive. Le projet de Sikorsky semble donc plus risqué sur le plan technologique. L’hélicoptériste américain fait néanmoins monter son concept en maturité depuis les années 2000 et les essais du X2. Il n’a pour l’instant pas annoncé de performances chiffrées pour son Raider X. Il faut donc se référer à celles du S-97, à savoir une vitesse de croisière supérieure à 220 noeuds (407 km/h), avec une autonomie de plus de 600 km ou 2h40 de vol.
Le gagnant de la compétition FARA aura la tâche de remplacer les AH-64 Apache assignés depuis 2012 à des missions de reconnaissance armée pour palier au retrait des OH-58 Kiowa. L’US Army envisage ainsi de pouvoir retirer la moitié de sa flotte d’Apache vieillissante après l’entrée en service du FARA à l’horizon 2030.