A première vue, les effectifs de Safran semblent avoir beaucoup changé au cours de 2016, passant de 70 100 personnes fin 2015 à 58 000 personnes (dont 36 600 en France). Mais cette impression est principalement due à des effets de périmètre : les activités du groupe ont subi de grandes modifications en raison de la stratégie de recentrage sur son coeur de métier qu’est la production aéronautique. Ainsi, les effectifs à fin 2016 ne comptabilisent ni ceux transférés vers Airbus Safran Launchers (3 500 personnes), ni ceux associés à Morpho, la filiale sécurité cédée au début de l’année.
Au contraire, en sept ans, le groupe a créé 12 000 emplois dans le monde. Aujourd’hui, il cherche principalement à maintenir ses effectifs et à couvrir les départs naturels. C’est ce qu’il s’est passé en 2016, avec 7 000 recrutements réalisés, dont 2 000 en France. C’est également ce qui va caractériser l’emploi chez Safran en 2017 : 5 000 nouvelles personnes devraient intégrer le groupe, dont 1 600 en France, répartis entre un millier de cadres et 600 jeunes diplômés. Pour la plupart (1 450 personnes), les contrats seront à durée indéterminée. Mais les effectifs totaux ne devraient pas beaucoup évoluer.
Concernant les profils les plus recherchés, ils concernent les bureaux d’études Mécanique, les ingénieurs Système et Logiciels et les ingénieurs Bureaux d’études Matériaux et Procédés. Safran est également très intéressé par les profils dans le contrôle non destructif et l’usinage, profils qui sont parmi les plus difficiles à trouver. D’autres métiers sont en pénurie, comme les architectes systèmes, les architectes logiciels, les Supplier performance Manager (qui contrôlent les performances de la chaîne de fournisseurs) ou dans l’activité Montage.
Les recrutements chez Safran ne sont pas non plus près de se tarir. Le groupe estime que près de 15 000 salariés prendront leur retraite d’ici 2030 en France. Un rythme qui, associé aux mutations des métiers avec la digitalisation, pose un problème en termes de formation.
Des besoins spécifiques en formation
L’une des difficultés rencontrées par Safran dans sa politique RH concerne en effet ce domaine. Entre la demande importante en opérateurs et techniciens et la transition vers l’usine du futur, « il y a aujourd’hui un décalage important entre les formations qui nous sont proposées au niveau étatique et celles dont on a besoin », résume Philippe Petitcolin. Le DG du groupe explique donc que Safran a dû prendre les devants : « pour pallier le manque de formation des personnels que nous recrutons, nous nous sommes alliés à l’Etat français – au ministère de l’Education nationale ainsi qu’à la région Ile-de-France – pour mettre en place une plateforme de formation 4.0 à Bondoufle ». Elle étoffera l’offre de formation et la fera mieux correspondre à ses attentes, qui se trouvent être communes avec de nombreux autres industriels.
Entité de la Faculté des Métiers de l’Essonne (FDME), cette « plateforme de formation à la mécanique industrielle de demain » a vu sa construction débuter au début de l’année et devrait être opérationnelle en 2018. Elle dispensera des formations aux métiers de la production mécanique et aux nouvelles méthodes de production complexes (machines en réseau, objets connectés, fabrication additive, réalité augmentée…).
Safran estime ses besoins dans ces domaines à plusieurs centaines de personnes par an d’ici 2020. Philippe Petitcolin prévoit en effet que le centre de Bondoufle « accueille à terme entre 200 et 300 stagiaires pour nous, certains pour de la formation initiale et d’autres qu’on enverrait pour de la formation permanente afin de les former à nos métiers, en particulier dans le domaine de la mécanique en utilisant des machines de dernière génération ». L’objectif est que « les personnels soient instantanément productifs en entrant chez nous au lieu d’être obligés de repasser dans toute une chaîne de formation interne ».
« Bien entendu, nous faisons cela avec l’Etat et avec les collectivités locales. Mais nous le faisons parce que c’est absolument nécessaire pour régénérer un niveau de formation, un niveau d’emploi digne de ce nom en région parisienne », conclut-il.