L’année scolaire touche à sa fin mais l’activité reste intense pour l’Institut aéronautique Amaury de la Grange (IAAG). L’institut de formation spécialisé – qui propose des formations en construction aéronautique, maintenance aéronautique, métiers de l’aéroport et pilote de ligne, en formation initiale, professionnelle continue, en contrat d’apprentissage ou en contrat de professionnalisation – vient de passer une année riche en événements qui vont lui permettre de renforcer son empreinte dans le secteur, marquée notamment par l’organisation de son premier salon emploi et la signature d’un partenariat avec l’armée de l’air et de l’espace. Mais la première préoccupation de son président en ce début de mois de juillet est de trouver des postes en entreprise pour ses élèves en apprentissage, afin qu’ils abordent la rentrée en toute sérénité. Tony Duquesne aborde avec nous les problématiques des différents cursus en apprentissage mais aussi les nouveautés du centre.
Comment a évolué IAAG depuis la crise ?
Comme pour toute société aéro et site de formation, la crise covid a été dure à passer. Nous avons légèrement reculé en termes d’effectifs. Côté apprentissage, nous avons réussi à maintenir les effectifs. En revanche, la crise a été très compliquée pour l’activité formation professionnelle, et notamment pour notre clientèle à l’étranger. Nous sommes passés de promotions d’une vingtaine de personnes à moins d’une dizaine. Mais les effectifs sont de nouveau plus intéressants : dernièrement, nous avions une promotion d’une quinzaine de personnes sur une formation professionnelle de technicien de maintenance.
Au contraire, l’apprentissage a explosé. Nous sommes passés d’une trentaine d’apprentis, un petit CFA, à 92 et bientôt 110. Cela a été poussé par les aides gouvernementales, la volonté d’accueil des entreprises, mais aussi un changement de perception, même s’il est encore un petit peu lent, de la filière professionnelle. Elle n’est plus considérée comme d’un moindre niveau : elle permet d’acquérir des compétences et aller chercher un métier rapidement.
Justement, les entreprises communiquent beaucoup sur leur intérêt à intégrer des apprentis et avancent des besoins très importants. Face à une demande si soutenue, comment expliquer que certains élèves en formation aient des difficultés à trouver un poste pour la rentrée ?
Nous avons beaucoup de demandes et beaucoup de profils. Et nous ne sommes pas la seule école à avoir vu les effectifs augmenter. Comme le nombre de demandes d’apprentissage est important et que nous sommes dans un milieu très exigeant, les processus d’analyse et de recrutement sont très longs. Mais l’échéance de la rentrée est proche… Aujourd’hui il me reste quelques beaux profils que nous avons préparés pour des apprentissages.
Quels types de profils sont les plus recherchés en apprentissage ?
Pour l’apprentissage, nous avons bac pro, mention, et BTS. Le bac pro recouvre toutes les options : systèmes (l’équivalent des mécaniciens de maintenance Avion Moteur Turbine), structures et avionique. Aujourd’hui, 80 % de la demande des apprenants concerne l’option systèmes car c’est la plus polyvalente. Mais c’est pour l’option structures qu’il y a le plus de demande de la part des entreprises. Nous avons monté une action avec Airbus Atlantic pour faire visiter une ligne de fabrication à nos apprenants structure et nos apprenants systèmes ayant une appétence pour la structure pour peut-être créer un déclic. Nous avons ouvert l’option avionique il y a deux ans à la demande de certains clients car les profils « B2 » sont recherchés, et cela fonctionne cette année. Le constat est le même pour la mention complémentaire, qui s’inscrit dans la continuité du bac pro.
Image © IAAG
Quelles actions pouvez-vous mener pour les aider ?
Nous avons déployé beaucoup d’actions pour que l’école se positionne vraiment comme un trait d’union entre l’apprenant et l’employeur. Nous avons déjà renforcé le service qui assure l’interface avec nos clients : nous avons trois personnes à temps plein chargées de comprendre les projets des clients, leur fournir les bons outils de formation et permettre la réussite de leurs projets. Nous faisons beaucoup jouer notre réseau mais les grosses structures (comme Airbus ou Safran) ont leurs propres plateformes.
Nous avons également signé un partenariat avec l’armée de l’air et de l’espace au tout début du mois de juin. Il permet aux apprenants de BAC Pro aéronautique et BTS aéronautique de signer une volonté d’engagement avec l’armée de l’air et de l’espace avant de débuter leur formation chez IAAG et ainsi de bénéficier d’un dispositif d’accompagnement financier tant qu’ils sont en formation d’intégrer son école de formation des sous-officiers à Rochefort, avant d’obtenir un contrat de cinq ans au sein de l’armée. Cela nous permet d’offrir à un(e) jeune collégien(ne) qui souhaiterait intégrer l’armée de l’air et de l’espace une visibilité entre huit ans et plus !
Vous avez également organisé votre premier salon de l’emploi en avril dernier.
C’est un événement professionnel qui s’appelle le Village emploi aéro. Nous sommes partis du constat désolant que les élèves ne portaient que peu d’intérêt aux offres d’emploi que nous relayions par mail ou en cours, parce qu’ils sont noyés dans une masse d’informations incroyable. Nous avons donc voulu « sacraliser » un petit peu ce moment de transmission des offres d’emploi. Nous avons fait venir les employeurs avec qui nous sommes régulièrement en contact, d’anciens élèves, des professionnels pour parler de leur métier, des personnes issues du bassin intéressées par le secteur et nos étudiants ont bloqué leur journée – c’est intéressant pour eux d’avoir déjà un pied dans la recherche d’emploi avant la fin de la formation. Vingt et un employeurs étaient présents, dont trois constructeurs (Dassault Aviation, Embraer, Airbus Atlantic), des compagnies aériennes (Air France, Corsair, ASL), des ateliers de maintenance (Tarmac Aerosave est venu de Tarbes pour l’événement), des sociétés de prestataires… Nous avons eu cinq cents personnes. C’était un vrai succès, les entreprises sont reparties avec des profils et les apprenants avec des propositions. Nous recommencerons l’année prochaine.
L’IAAG organisait son premier salon emploi en avril dernier. Une expérience réussie, appelée à se renouveler. Image © IAAG
On a beaucoup parlé durant la crise et jusqu’à récemment d’une perte d’attrait du secteur aéronautique auprès des jeunes notamment. L’avez-vous constaté au niveau des demandes de formation chez IAAG ?
Le covid et l’« aviation bashing » ont fait très mal au secteur, mais nous n’avons pas du tout ressenti de désaffection : nous avons vu les effectifs en BTS multipliés par quatre, par exemple ! Nous avons ouvert le BTS par apprentissage il y a trois ans et nous sommes passés d’un effectif initial de neuf apprenants à quarante à la rentrée. Côté demandes, nous avions 120 contacts il y a trois ans ; aujourd’hui c’est 500 voire 700 demandes. Notre problématique aujourd’hui est de maintenir un niveau d’enseignement de qualité, comme par le passé, avec un volume de demandes qui a quintuplé.
Prévoyez-vous d’ouvrir de nouvelles classes face à cette demande ?
Nous ouvrons une deuxième classe de BTS à Paris. Nous le faisons pour répondre à une demande qui ne fait que monter, pas parce qu’il est intéressant d’avoir plus d’élèves. Les sociétés de prestataires sont en recherche. La jeune société Bluewest par exemple veut recruter dix profils cette année. Nous aurons deux classes de 20 apprenants, cela permet de maintenir un niveau de qualité dans les travaux pratiques et les travaux dirigés en découpant la promotion en deux pour avoir des groupes restreints et un enseignement plus qualitatif.
Vous avez donc également besoin d’instructeurs supplémentaires ?
Oui, il faut également trouver des instructeurs, ce qui n’est pas simple. Pour le site de la Motte au Bois, nous cherchons encore une personne à temps plein, mais nous sommes toujours à l’écoute pour intégrer de nouveaux profils. Nous cherchons également de plus en plus à faire intervenir des professionnels dans les classes pour présenter leur métier, ce que nous faisions moins auparavant. Il n’y a rien de plus intéressant qu’avoir en salle de cours un professionnel qui est toujours actif, qui se remet à niveau en continu, qui va parler technique et process modernes aux élèves.
Vous aviez aussi le projet d’ouvrir une classe de seconde générale aéronautique à la rentrée. Où en est-il ?
C’est un projet compliqué d’un point de vue administratif. Nous y tenons beaucoup mais il implique d’accéder à un statut différent : nous sommes un CFA, un centre de formation professionnel mais avec ce projet nous deviendrons aussi un établissement hors contrat. Nous sommes au bout du processus administratif : le projet est validé du côté de l’inspection académique et nous avons prouvé que l’IAAG ajoutait une brique de formation qui manquait dans les Hauts-de-France. Cela permet une sécurisation du parcours de l’élève : il peut choisir une formation très scolaire mais passer à une formation en apprentissage si le rythme ne convient pas, et inversement, un élève ayant du mal avec le rythme de l’apprentissage peut revenir dans un cadre plus scolaire.