« En 2016-2017, notre croissance va passer à 34%… dans le pire des cas », annonce Jean-Claude Maillard. Voilà qui est dit. Evoluant dans un secteur industriel porteur, le PDG de Figeac Aéro a en effet de belles perspectives devant lui : une collaboration avec Airbus, Stelia et Safran qui ne cesse de se renforcer, des retrouvailles avec Embraer et un contrat en bonne voie avec Boeing… Un petit nuage continue toutefois de ternir l’avenir brillant du sous-traitant lotois : une telle croissance doit s’appuyer sur des recrutements et ceux-ci sont de plus en plus difficiles.
Les résultats pour 2015-2016 (clôturés au 31 mars 2016) sont dans la lignée des précédents : chiffre d’affaires en hausse de 21,6% (252,4 millions d’euros), marge opérationnelle très confortable et conforme à son objectif à 24,1% et résultat net de 31,2 millions d’euros, libéré de la majorité des couvertures de change défavorables qui avaient provoqué une perte l’année d’avant. Figeac Aéro n’a pas dévié de sa stratégie, qui consiste à maintenir l’excellence industrielle à Figeac, à se rapprocher de ses clients et à optimiser ses coûts en s’installant en zone dollar et en zone low-cost.
Cette stratégie continuera d’être strictement appliquée en 2016-2017, Figeac Aéro ayant notamment démarré ses activités au Mexique (pour se rapprocher de Latécoère, son client pour des pièces élémentaires des portes des 787) et au Maroc. Porté par le ramp-up sur les programmes A320 et A350, ainsi que par de nouvelles perspectives, le sous-traitant s’attend à enregistrer « une hausse de 34% du chiffre d’affaires dans la version la plus pessimiste et de 46% dans la version optimiste », toujours en maintenant une marge opérationnelle comprise entre 22 et 25%. Soit un chiffre d’affaires compris entre 340 et 370 millions d’euros en 2017.
Des opportunités dans le monde entier, notamment avec Boeing
La sous-traitance a le vent en poupe, explique Jean-Claude Maillard. La success story de Figeac Aéro s’est en effet reposée sur un revirement de la stratégie de production des avionneurs et équipementiers, qui ont décidé de sous-traiter de plus en plus. Un processus qui n’est pas encore terminé, selon le PDG de Figeac Aéro, et qui devrait assurer une croissance de 10% par an aux sous-traitants dans les années à venir. Leur philosophie a également changé : les sous-traitants font partie intégrante des programmes donc les donneurs d’ordre s’engagent davantage en termes de volumes mais aussi de durée.
Mais Figeac Aéro a d’autres atouts pour croître plus vite. S’étant rapproché de ses clients, y compris en Amérique du Nord, il réussit maintenant à élargir sa base. Après « trois ans de relations commerciales tièdes » avec Embraer, Figeac Aéro a remporté en octobre 2015 un contrat important sur le programme E2, dont il produira des longerons d’aile en titane (sur les E190 et E195-E2) et les cônes de queue en aluminium (sur les trois modèles). Embraer achetant beaucoup en Amérique du Nord, Figeac est confiant que ses filiales de Wichita et Querétaro lui permettront de collaborer davantage avec l’avionneur brésilien.
Et l’une des meilleures nouvelles est attendue pour les mois qui viennent : « on ne va pas tarder à prendre notre première commande de Boeing en direct », annonce Jean-Claude Maillard.
Par ailleurs, le protocole d’accord conclu avec Stelia en février devrait être finalisé dans les semaines à venir. Assez large et d’une valeur de 400 millions de dollars, il porte notamment sur la production de sous-ensembles et de pièces d’aérostructures pour les logements de train d’atterrissage A320 et sur des pièces du tronçon central des Global 7000 et 8000 de Bombardier.
Enfin, le contrat russe avec VSPMO-Avisma est toujours d’actualité. Mieux, il est en cours de finalisation. Le protocole d’accord avait été conclu en juillet 2014, peu après la crise de Crimée et avant diverses phases de renforcement des restrictions économiques envers la Russie. Mais le projet n’a pas été remis en cause : le producteur de titane russe fournira des composants et des sous-ensembles en titane, dont la finition sera assurée à Figeac.
Recrutement
Une telle croissance ne peut pas se faire sans recruter. Et c’est là que le bât blesse. « Nous connaissons de gros problèmes de recrutement et de formation », reconnaît Jean-Claude Maillard. Figeac reste un bassin d’emploi très réduit, avec 10 000 habitants dans la ville, dont environ 1 100 travaillent pour Figeac Aéro et autant pour Ratier Figeac. Le sous-traitant, conjointement avec d’autres industriels de la région, va donc demander une aide aux autorités pour créer une grande école de formation, destinée à former les nouveaux embauchés et à adapter le personnel actuel aux nouvelles technologies qui sont intégrées dans la production pour maintenir l’excellence industrielle. L’objectif est donc « d’élever le niveau moyen du personnel à Figeac et de le former » pour qu’il puisse travailler sur les dernières technologies et assurer les activités à plus haute valeur ajoutée.
En parallèle, la production des pièces les plus simples sera confiée aux filiales en zone à bas coûts. Actuellement, Figeac Aéro emploie 300 personnes en Tunisie, une centaine au Maroc et une vingtaine au Mexique. Mais les deux dernières implantations ne font que démarrer et les effectifs devraient atteindre 500 personnes dans chacune des usines en 2020.