Avec la présentation du projet industriel Transformation 2020 en juin, succédant au plan de redressement Boost, Latécoère semblait savoir où il allait et surtout être engagé sur un chemin stable. Mais le licenciement brusque de son directeur général, Frédéric Michelland, par les actionnaires de l’industriel le 13 juillet a fait suffisamment de remous pour affecter l’image de stabilité qu’il avait gagnée, un sentiment renforcé par les débrayages organisés sur plusieurs sites au début de la semaine pour protester contre les fermetures d’usines et les suppressions de 236 emplois.
Frédéric Michelland avait accédé au poste de directeur général de Latécoère en décembre 2013, alors que l’assemblier était au bord de la faillite et que le démantèlement menaçait. Pour redresser la société, il a mis en place un plan de restructuration, Boost, qui a notamment consisté à réduire ses coûts (par exemple en s’implantant en zone low-cost) et le nombre de ses fournisseurs, tout en cherchant à diversifier sa base clients. Le plan a délivré ses résultats puisque l’industriel a réussi à dégager un bénéfice net en 2015 (quand la perte nette atteignait 80 millions d’euros en 2013). C’est aussi Frédéric Michelland qui avait permis aux fonds d’investissement américains Apollo Global Management et Monarch Alternative Capital d’entrer au capital de la société mi-2015.
Ces mêmes fonds ont mis un terme brutal à sa carrière au sein de Latécoère en annonçant son éviction le 13 juillet, avec effet immédiat. Il sera remplacé par Yannick Assouad, la directrice générale de la branche Cabine de Zodiac Aerospace, à partir du 2 novembre. Le président du Conseil d’administration Pierre Gadonneix assurera l’intérim. Une annonce qui a d’autant plus surpris le monde aéronautique que le conseil d’administration de Latécoère venait d’entériner un mois plus tôt le nouveau plan stratégique de l’industriel.
Transformation 2020 venait tout juste d’être lancé
Transformation 2020 consiste à faire passer Latécoère du statut de simple assemblier à un fournisseur de solutions intégrées. Pour cela, les activités à forte valeur ajoutée vont être mises en avant et une ré-internalisation de certaines compétences est prévue. Latécoère souhaite se renforcer sur les domaines où il est leader (portes, meubles avioniques et harnais électriques) et envisage en parallèle une mise en vente des activités de Latécoère Services. Il souhaite également proposer des produits plus modulaires aux avionneurs pour simplifier leur installation.
L’une des conséquences va être une refonte des sites de production du groupe français. Le site de Tarbes va être fermé et son activité (câblages) ainsi qu’une grande partie de celle du site de Périole à Toulouse sera transférée vers Gimont et Liposthey. En revanche, de nouveaux sites seront ouverts, l’un près du siège à Toulouse pour la stratégie d’internalisation (avec une centaine de personnes) et l’autre en Bulgarie, qui prendra en charge les petits assemblages à faible valeur ajoutée dans le cadre de la stratégie de production en zone à moindre coût. D’ailleurs, le nouveau site de production à Casablanca (LATsima) a été inauguré le 20 juillet.
Les conséquences sur le personnel prendront la forme de 236 suppressions d’emplois sur les 4 964 que compte le groupe. Elles prendront la forme de reclassement interne ou externe et s’accompagneront d’un plan de départ volontaire.