Alors que Latécoère est bien avancé dans sa restructuration financière (plan Boost), qui doit redonner de l’agilité au groupe, il vient de lancer son plan de restructuration industrielle Transformation 2020. Un nom qui porte en lui tous les objectifs de l’équipementier français : être solide financièrement et industriellement pour se positionner sur les nouveaux programmes des avionneurs attendus à partir de 2020. Et en premier lieu, le MoM (Middle of Market).
Latécoère va profiter des trois prochaines années pour restructurer son empreinte industrielle. L’objectif est de se concentrer « sur les segments porteurs (aérostructures et systèmes d’interconnexion) voire se redéployer sur les marchés adjacents où Latécoère a une légitimité, et de réintégrer certaines activités », explique Pierre Gadonneix, le président du conseil d’administration.
La période est idéale, poursuit Olivier Regnard, le directeur général délégué du groupe, car il n’y aura « pas de nouveau programme à court terme et ceux de remotorisation n’entraînent pas de développement substantiel pour les structuriers, pas de remise en question des work packages, les avionneurs mettant davantage l’accent sur la baisse des coûts ».
Les décisions les plus visibles ont déjà été prises, avec la décision de fermer le site de Tarbes qui n’avait pas atteint sa taille critique et de transférer son activité ainsi qu’une partie de celle du site de Périole vers les centres d’excellence de Gimont et Liposthey. Un nouveau site de production va être ouvert dans la région toulousaine, dédié à la ré-internalisation des activités chaudronnerie et usinage – actuellement, 80 à 90% de l’usinage est sous-traité et Latécoère veut reprendre la main sur 30% de la production. Cela lui permettra également d’évoluer vers un positionnement de sous-systémier : « il ne faut plus créer qu’une porte mais aussi tout ce qui va autour : le cadre, les systèmes à l’intérieur… »
Par ailleurs, l’implantation en zone best cost va se poursuivre. Le site de Latécoère en République tchèque n’ayant plus de capacité de développement (aussi bien en termes d’espace que de main-d’oeuvre), un nouveau site est envisagé en Bulgarie pour les petits assemblages. Au Mexique, les cadences de production ont été doublées par rapport à l’année dernière et le transfert de la totalité de l’assemblage des portes de 787 est envisagé – il nécessitera toutefois un agrandissement des installations sur place.
Avec ces mesures, Latécoère compte bien être prêt pour 2020/2025, période critique qui verra le lancement des nouveaux programmes de Boeing et Airbus et demandera de grandes ressources en R&T aux acteurs souhaitant y prendre part. « Le premier coup viendra du MoM, qui remplacera les A320 et 737 », affirme Olivier Regnard, « il introduira clairement une rupture technologique et ce sera un blockbuster. On ne peut pas être absent. »