Lors de la présentation de ses voeux à la presse, le GIFAS a souhaité tirer la sonnette d’alarme sur l’état de la recherche dans l’industrie aéronautique. Son président Marwan Lahoud a regretté que les soutiens publics se retirent progressivement quand le besoin en investissements des entreprises, lui, ne faiblit pas. Une situation qui met en danger, selon le GIFAS, la position prédominante de la France dans la filière, notamment de ses équipementiers.
Patrick Daher, président du GEAD (Groupe des équipements aéronautiques et de défense), a expliqué que si aucun retournement de cycle n’était à prévoir, ce cycle connaissait une modification profonde. Les équipementiers doivent faire face aux augmentations de cadences tout en réduisant leurs coûts et en investissant en parallèle dans la recherche pour créer ces ruptures technologiques (numérisation, robotisation, nouveaux matériaux) qui permettent à la France de rester à la pointe du secteur. Si les investissements pour le ramp-up sont pratiquement terminés, ceux pour la recherche ne sont pas près de diminuer et les entreprises étouffent déjà sous le poids des taxations. Un soutien public est donc essentiel.
Or, « s’il y a un sujet qui s’est dégradé ces cinq dernières années, c’est le soutien à la recherche aéronautique », martèle Marwan Lahoud. « Aujourd’hui, l’évolution est négative au point d’en être inquiétante ». Le GIFAS illustre ses propos en évoquant le budget de la DGAC alloué à la recherche aéronautique, qui est passé de 150 millions d’euros en 2010 à 50 millions d’euros en 2017. Entre ces deux dates, l’investissement public s’était maintenu à un niveau stable grâce aux PIA (Programmes d’Investissements d’Avenir), dont plusieurs concernaient le secteur. Mais en 2017, le volet aéronautique disparaît des PIA. « On parle de montants relativement faibles mais très importants car ils sont attribués exactement aux domaines critiques », commente le président du GIFAS. « Le partenariat public-privé était exemplaire en 2012 mais il est en train de s’effilocher », regrette-t-il.
Et la France souffre de la comparaison avec ses voisins, qui investissent trois fois plus qu’elle. L’Allemagne attribuera 150 millions d’euros à la recherche aéronautique en 2017 (contre 110 millions en 2010) et le Royaume-Uni 190 millions d’euros (contre 100 millions en 2010).
En parallèle, Marwan Lahoud a reconnu que le CIR (crédit d’impôt recherche) fonctionnait très bien, jouant un rôle très important pour capacités de recherche et d’innovation, la filière en ayant bénéficié à hauteur de 600 millions d’euros en 2012 et à 650 millions d’euros en 2015. En revanche, les prélèvements et impôts divers ont effacé ses bénéfices : l’industrie s’est acquittée de 2,1 milliards d’euros d’impôts en 2013 et 2,7 milliards d’euros en 2015.
Bertrand Lucereau, le président du groupe Aéro-PME, s’est montré plus mitigé sur le CIR, soulignant qu’il n’arrivait plus jusqu’aux PME, entraînant une tension sur leur trésorerie et leurs capacités de ramp-up. Lui en appelle à une consolidation des PME, pour augmenter leurs moyens et leur visibilité à l’international. « Les PME représentent 3 milliards d’euros dans le chiffre d’affaires du GIFAS, réalisés par 170 entreprises. Elles sont trop petites pour faire face aux défis », explique-t-il.
Si la consolidation est essentielle à ses yeux, le plan Performances industrielles du GIFAS est également un soutien. Sa phase 2 sera lancée cette année, après que la phase 1 a permis de réduire de moitié le nombre de non-qualité, de retard et le temps de retard. C’est également à cela que doit servir la robotisation : à limiter les dysfonctionnements en production.