ATR avait jugé 2015 difficile et prédisait une année 2016 de crise. L’avionneur franco-italien a publié son bilan le 23 janvier, qui confirme ce qu’il avait anticipé : seuls 36 appareils ont été commandés, 34 ATR 72-600 et deux ATR 42-600. En revanche, porté par le ramp-up de ces dernières années, ATR a livré 80 appareils – le troisième plus haut niveau de livraisons de son histoire – et enregistré ainsi son deuxième chiffre d’affaires le plus élevé à 1,8 milliard de dollars, consolidant sa position de leader sur le segment des avions régionaux de 50 à 90 places avec une part de marché de 35%.
Malgré tout, le bilan souffre de la comparaison avec 2015, année record durant laquelle il avait livré 88 appareils et réalisé un chiffre d’affaires de 2 milliards de dollars. L’avionneur avait également reçu des engagements fermes pour 76 appareils, plus du double de cette année, ce qui était vu comme un premier signe du sérieux de la crise qu’il traverse puisqu’il n’avait alors pas réussi à atteindre son objectif de maintenir le carnet de commandes à son niveau.
Cette crise, due à la baisse du prix du pétrole, à la volatilité des taux de change, au ralentissement de la croissance mondiale et aux tensions sur la chaîne de fournisseurs, ATR avait choisi de ne pas l’ignorer. L’avionneur avait donc ralenti l’augmentation de ses cadences – qui avaient connu une accélération de 70% en cinq ans. Mais il visait toujours un objectif de 90 livraisons et d’une centaine de commandes en 2016.
L’horizon n’est pas si couvert. Le carnet de commandes d’ATR lui assure trois ans de production et attend toujours de s’étoffer grâce à l’Iran. En février dernier, Iran Air s’était en effet engagée sur une vingtaine d’ATR 72-600 fermes et autant en option, un contrat qui reste en attente de finalisation. Et le potentiel dans le pays est encore plus important puisqu’une grande flotte de Fokker vieillissants est à renouveler.
En attendant, ATR a su asseoir sa position sur ses marchés traditionnellement porteurs pour lui : le Mexique (Aeromar a commandé deux ATR 42-600 et six ATR 72-600), l’Espagne (Binter pour six ATR 72-600), le Brésil (Azul pour cinq appareils) et l’Asie du Sud-est (PNG pour cinq appareils). Mais sa plus importante commande, il la doit au groupe Synergy qui s’est appuyé sur lui pour lancer Avianca Argentina avec douze ATR 72-600.