Lorsque Zodiac Aerospace s’appellera Safran, l’activité aura retrouvé les niveaux de rentabilité de sa grande époque. Lors de la présentation des résultats annuels de Safran le 24 février, Philippe Petitcolin , son président, a assuré que cet objectif était « réalisable », bien qu’il s’agisse de porter sa marge opérationnelle de 5,6% aujourd’hui à 14% d’ici 2019-2020. Pour cela, la méthode Safran va être appliquée à Zodiac.
Les résultats de l’équipementier sont en effet fortement grevés par 390 millions d’euros de surcoûts entraînés par les retards de production et les mesures qui ont dû être prises pour y remédier (notamment en termes de logistique et de coûts indirects avec une augmentation importante des effectifs dédiés à la vérification des produits). « Ces 390 millions d’euros de surcoûts, je pense qu’ils doivent disparaître avec deux ans d’expérience Safran », affirme Philippe Petitcolin.
« Il y a chez nous des processus et du personnel qui seront là pour aider au redressement de Zodiac », poursuit-il. « Zodiac a particulièrement manqué sa cible au niveau des développements, de la certification et de la supply chain. Pour le développement, nous avons des processus et en particulier un système de développement extrêmement strict avec des passages de jalons normés qui s’appelle PROMPT. Si nous reprenons l’activité de Zodiac, nous allons leur imposer le jour 1. Nous avons ensuite au niveau de la certification des personnes qui savent exactement ce que veut dire une certification de produit ».
« En termes de supply chain, nous avons mis en place un système, qui fonctionne depuis trois ans sur le LEAP, qui permettait à la fois de garantir que les pièces seraient là le premier jour, que nous saurions monter un système avec les quantités nécessaires et que nous mettrions en place des systèmes de double source pour éviter tout risque avec les fournisseurs. Ce genre de système nous l’appliquerons bien entendu également aux produits de Zodiac », a achevé le président de Safran. Il s’est donc dit persuadé qu’avec ces mesures, Safran pourrait faire mieux que simplement recouvrer le déficit de productivité de 390 millions d’euros.
Il rappelle par ailleurs que les deux groupes ont identifié 200 millions d’euros de synergies annuelles dans cinq domaines, notamment la suppression de l’un des deux sièges sociaux et les travaux de R&D dans la chaîne électrique. Philippe Petitcolin souligne également qu’il y avait du potentiel d’optimisation des sites industriels : « nous devons être capables de consolider au minimum une vingtaine de sites » proches de ceux de Safran sur les 107 que compte Zodiac au total, principalement à l’étranger, la société gérant de nombreuses installations employant moins de cinquante personnes. Dans la mesure du possible, les personnels seront transférés et le gain principal réside dans les coûts fixes liés aux locations, aux achats et à l’entretien des bâtiments.
Enfin, des synergies pourront être dégagées au niveau des achats de production et des achats généraux. A ce sujet, Philippe Petitcolin a regretté que les industriels n’aient pu identifier que 1% de gain au niveau des achats de production, « parce que Zodiac a une base extrêmement dispersée de fournisseurs, entre 6 500 et 7 000, et il est difficile d’avoir des effets de levier sur une base aussi large ».
Mais malgré ce bémol, « quand on met tout bout à bout, je peux vous garantir qu’en 2019-2020, oui, on sera au minimum à 14% de rentabilité au sein de Zodiac revu et corrigé » a-t-il conclu. Un objectif que Zodiac s’était de toute façon déjà fixé en solo.