Figeac Aéro vogue vers ses objectifs. L’industriel aéronautique connaît une telle croissance qu’il est devenu cette année le sous-traitant numéro un en France et numéro deux en Europe ; il vise à présent la place de numéro un européen pour 2020. C’est également à cette date qu’il devrait atteindre les 650 millions d’euros de chiffre d’affaires, un objectif qu’il confirme en précisant que les 90% sont déjà assurés. Mais Jean-Claude Maillard, le fondateur et PDG de Figeac Aéro, rêve déjà du milliard d’euros de chiffre d’affaires et « n’attendra pas d’avoir 70 ans » pour le faire.
Il estime en effet qu’il « y a des progrès à faire partout » au niveau de l’entreprise pour optimiser ses activités. Par ailleurs, le marché sur lequel se positionne Figeac Aéro a une valeur de l’ordre de 20 milliards d’euros par an actuellement mais le processus de transfert de la production de pièces et sous-ensembles se poursuit et ce marché devrait atteindre 30 milliards par an dans les vingt ans – et ce malgré le développement du composite. Actuellement, les avionneurs produisent encore 30% des pièces élémentaires et sous-ensemble en interne – à l’image d’Airbus qui produit encore l’essentiel de ses mâts réacteurs -, une part qui ne demande qu’à baisser.
Des projets en Asie
Parmi les percées auxquelles travaille Figeac Aéro se compte l’installation en Asie. Le sous-traitant poursuit en effet depuis quelques années une stratégie d’optimisation de ses coûts en confiant la production de pièces simples en zone best-cost (Tunisie, Maroc liées à la production française), qu’il a répliquée en Amérique du Nord lorsqu’il a racheté une usine à Wichita et ouvert une usine au Mexique (qui devrait atteindre un effectif de 200 personnes cette année). Une nouvelle duplication de ce modèle est prévue en Asie. « La Chine est un pays sur lequel il faudra beaucoup compter. Figeac Aéro n’a pas aujourd’hui de schéma clair mais compte annoncer des choses dans les deux prochaines années », a ainsi annoncé Jean-Claude Maillard. Il a précisé que la Chine n’était plus un pays low-cost mais avec des coûts à un niveau intermédiaire et que le pendant « production en zone best cost » trouverait sa place en Asie du sud-est.
Figeac Aéro frappe toujours à la porte de Boeing
Il y a quelque temps, Jean-Claude Maillard voyait également des opportunités pour devenir fournisseur de rang 1 chez Boeing. Celles-ci ne se sont toujours pas concrétisées – même si le sous-traitant travaille sur tous les programmes civils via d’autres partenaires de l’avionneur américain. Le PDG de Figeac Aéro explique que Boeing avait été le premier avionneur à réduire de façon significative le nombre de ses sous-traitants et qu’il se tenait assez strictement à les maintenir autour de quinze. Toutefois, il constate également un intérêt croissant de la part de l’avionneur. Des représentants ont récemment visité l’usine de Wichita et une visite des installations de Figeac est également prévue. La concrétisation d’un rapprochement est là aussi attendue dans les deux ans.
En revanche, le sous-traitant a remporté un succès important en devenant fournisseur de Rolls-Royce, auprès duquel les livraisons de pièces de structures moteur en titane ont débuté il y a trois mois. Ce premier contrat, valorisé à 16 millions de dollars, devrait occasionner un développement des relations avec le motoriste britannique et devrait atteindre sa pleine cadence en 2022.
Auvergne Aéro, une opportunité à saisir
L’année 2016-2017 a également été marquée par le rachat d’Auvergne Aéro. Le groupe avait fait faillite en juillet 2016 et une offre de rachat avait été formulée en octobre par Figeac Aéro, qui a été acceptée. Jean-Claude Maillard a expliqué les raisons qui l’ont poussé à s’intéresser à Auvergne Aéro. Tout d’abord, cette acquisition permet d’internaliser des compétences en tôlerie et en chaudronnerie aéronautiques, dont Figeac Aéro était dépourvu. Avec un domaine d’activité élargi, Figeac Aéro « peut désormais proposer à ses clients toute pièce métallique qui vole » et postuler aux appels d’offres mixtes, comprenant l’usinage et la tôlerie, quand il restait en retrait auparavant si la part tôlerie prenait une trop grande place. Cette acquisition a également permis à Figeac Aéro de s’imposer auprès d’Airbus Helicopters, premier client d’Auvergne Aéro, et d’espérer des contrats avec l’hélicoptériste l’année prochaine.
Bernard Lavergne, président d’Auvergne Aéro, a quant à lui ajouté que l’intégration à Figeac Aéro avait porté ses fruits en termes de fiabilisation de l’activité, au niveau du respect des délais et de la qualité. Lorsqu’Auvergne Aéro a été intégrée en décembre, seule une pièce sur deux était livrée à l’heure et la non-qualité était de 10 000 ppm (pièce par million). Aujourd’hui, neuf pièces sur dix sont livrées dans les délais, avec une qualité de 3 000 à 4 000 ppm – quand les standards sont à 98% et 500 ppm respectivement. « La moitié du chemin est parcourue » estime-t-il, donnant l’exemple de son activité de fourniture de tubes ATR, qui accusait 630 tubes de retard lorsque l’activité a été reprise par Figeac Aéro en décembre : « on arrêtait quasiment tous les jours la chaîne ATR ». Le retard a été rattrapé en mars et Auvergne Aéro se prend à espérer un contrat avec Airbus.
Les performances encore défaillantes d’Auvergne Aéro, associées à la baisse de la production d’A380 qui n’avait pas été anticipée, ont eu un petit impact sur la marge EBITDA de 2016-2017, qui reste tout de même très bonne à 21,3%. Le chiffre d’affaires atteint quant à lui 324,7 millions d’euros, enregistrant une hausse de 29% (22,5% à périmètre et taux de change constants). Le résultat net pour l’année a subi l’impact des taux de change et a baissé de 4% à 31,9 millions d’euros.