L’année de son centenaire sera une année cruciale pour Latécoère. Alors que le plan de transformation bat son plein et que l’équipementier, entraîné par sa nouvelle équipe dirigeante, prend plus d’initiatives, il a publié des résultats semestriels qui confortent les choix opérés ces derniers mois. Le chiffre d’affaires du premier semestre est en légère hausse de 1,8% (348,8 millions d’euros) et le résultat opérationnel enregistre une forte progression de 36,5% (à 33,1 millions d’euros), entraînant la marge opérationnelle qui croît de 2,4 points.
Ces résultats permettent à Latécoère de confirmer ses prévisions annuelles, à savoir une légère baisse du chiffre d’affaires mais qui s’accompagnera d’une amélioration du résultat opérationnel. Dans ce contexte, Pierre Gadonneix, le président du conseil d’administration du sous-traitant français, a donc introduit la présentation de ces résultats par ces mots : « l’histoire de Latécoère est une histoire un petit peu agitée, avec des hauts, des bas et des défis que Latécoère a su relever. » Et le travail se poursuit.
Forte dynamique de l’activité Systèmes d’Interconnexion
Lors de sa prise de fonction en tant que directeur général de Latécoère, Yannick Assouad avait apporté des retouches au plan de transformation du sous-traitant et elle a notamment décidé d’accroître la dynamique commerciale sur ce marché. Elle avait en effet expliqué que Latécoère ne répondait qu’à 60% du marché avec ses produits mais que les 40% restants présentaient des opportunités non négligeables de croissance qu’il ne fallait pas laisser passer. Il s’agit notamment des câblages cabine, moteurs et trains d’atterrissage. « Une cabine d’avion est modifiée tous les sept ans en moyenne, ce qui permet d’avoir un business beaucoup plus récurrent que ce qu’on a sur la production d’avions neufs. Et il existe un marché plus riche que la production de trains et de moteurs neufs puisque les harnais sont dans des environnements sévères et sont changés plusieurs fois sur la vie des équipements, ce qui n’est absolument pas le cas sur le câblage des ailes ou du fuselage », explique-t-elle.
En plus de s’être positionné sur ces marchés – avec succès -, Latécoère observe également que ces activités sont encore souvent réalisées en interne par les avionneurs et équipementiers, alors que ce n’est pas leur coeur d’activité. D’où des opportunités de développement et « une grosse activité commerciale » de la part des équipes.
L’avantage de la division Systèmes d’Interconnexion est que tout contrat est rapidement répercuté sur le chiffre d’affaires. Ainsi, le contrat remporté auprès de Mitsubishi Aircraft pour refaire toute la conception du câblage du MRJ – et réaménager cinq avions d’essai et cinq autres à des stades avancés de production – devrait produire ses premiers effets sur les résultats dès cette année. C’est d’ailleurs cette part de l’activité de Latécoère qui a poussé vers le haut les résultats du premier semestre.
L’activité Aérostructures poursuit sa réorganisation
La tendance dans les Aérostructures est plus poussive, avec une légère baisse de l’activité prévue sur l’année – malgré une hausse de chiffre d’affaires au premier semestre. Elle résulte de la baisse des cadences sur les programmes A380 (plus importante que ce qui était anticipé) et Falcon 7X/8X de Dassault, partiellement compensée par la hausse des cadences sur l’A320 et l’A350. En ce qui concerne Embraer, le programme E1 est en ralentissement également mais moins rapide que prévu. Cependant, la transition entre E1 et E2 incite Latécoère à la prudence car il est moins présent sur le programme d’avion régional remotorisé.
L’équipementier poursuit donc ses efforts d’optimisation des coûts et de l’empreinte industrielle. Les transferts d’activité sont bien engagés, par exemple entre le site de Périole et celui de Gimont pour les activités fuselage (grosses sections) ou encore le transfert de l’activité portes de 787 vers le Mexique – l’usine d’Hermosillo a désormais dépassé les 50% du ramp-up et devrait atteindre sa pleine cadence de production à la fin de l’année. Quant au nouveau site en Bulgarie, dédié au petit assemblage, il devrait entrer en service en 2018 et permettra de soulager celui de Prague, en tension en termes de capacité et de recrutement, tout en réduisant encore les coûts de production.
Cette phase de transfert, si elle doit produire des effets positifs à moyen terme, entraîne pour le moment une situation de « surstockage » qui pèse sur les comptes (6,8 millions d’euros d’impact sur la trésorerie). Un choix pleinement assumé de Latécoère qui préfère subir cette charge et assurer la continuité de ses livraisons plutôt que de risquer son image de fiabilité.
Par ailleurs, l’activité Aérostructures profite d’efforts importants en R&T, à l’image du « berceau d’innovation » NexGED, une porte électrique incluant toutes les innovations auxquelles les ingénieurs de Latécoère ont pu penser et qui reste à adapter aux besoins des avionneurs.
NexGED se trouve être l’une des portes d’entrée qu’imagine Latécoère pour les prochains grands programmes d’Airbus et Boeing, notamment le NMA (New midsize airplane). « Notre programme d’innovation sur les portes est vraiment orienté vers ces nouvelles plateformes qui seront forcément plus électriques et viseront à soulager le travail du personnel à bord », affirme Yannick Assouad.
Les investissements en recherche visent également à placer Latécoère en bonne position pour participer à la consolidation à venir du secteur des Aérostructures, aujourd’hui composé d’une multitude d’acteurs trop petits pour prétendre à la position de partenaire à risque des avionneurs. « Il y a des barrières à l’entrée très fortes. Il faut investir à la fois dans l’innovation pour proposer des produits innovants, ce que nous faisons, et continuer à investir dans notre industrie, ce que Latécoère n’a pas fait pendant des années et que nous faisons de manière extrêmement active depuis mi-2016. Nos résultats opérationnels nous permettent de repositionner Latécoère dans le futur », conclut Yannick Assouad.