« Dans ses cent ans d’histoire, Latécoère a toujours eu un chemin un petit peu chaotique, y compris ces dernières années. Mais il y a toujours eu cette volonté de poursuivre l’aventure, marquée par l’audace et l’excellence technique », a déclaré Pierre Gadonneix, le président du Conseil de surveillance de Latécoère. Et, bien engagé dans son plan de transformation, l’équipementier français s’est résolument remis sur le chemin de la croissance. Il a présenté de bons résultats pour 2017, une année ponctuée de réussites.
Car contrairement à ce qu’il avait anticipé, le chiffre d’affaires de 2017 est resté relativement stable et la marge opérationnelle s’est améliorée de 0,5 point et atteint 7,8%. « Yannick Assouad a apporté une dynamique commerciale qui a apporté des résultats que nous n’espérions pas », estime Pierre Gadonneix.
L’activité Aérostructure se maintient
En effet, la baisse dans l’activité Aérostructures a finalement été limitée, principalement grâce au meilleur maintien que prévu du programme E-Jets d’Embraer. « Il y a eu une stabilisation de l’E1 que nous n’avions pas anticipée. Il y a eu la grosse commande de SkyWest [pour 55 E175, passé en deux fois l’automne dernier, ndlr] mais ils en attendent une autre encore plus importante », confie Yannick Assouad, la directrice générale de Latécoère. Par ailleurs, la production des portes d’A320 a également profité d’une cadence plus soutenue que ce qui était attendu.
Si le programme A380 continue de baisser (et Latécoère avait déjà pris en compte la réduction des cadences de production d’Airbus à six Super Jumbos par an dans ses prévisions), Latécoère constate en revanche une reprise du côté de Dassault sur les programmes Falcon 7X et 8X. Par ailleurs, le lancement du 6X est une bonne nouvelle pour l’équipementier, qui a engagé des discussions avec l’avionneur français pour monter sur le nouveau jet d’affaires. A côté de cela, Latécoère est présent sur les programmes A320, A350 et 787 donc les cadences très soutenues et en augmentation assurent un socle solide à la division Aérostructures.
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De grandes réussites dans les Systèmes d’interconnexion
La branche des Systèmes d’interconnexion a également remporté de belles victoires et c’est elle qui est emblématique des réussites de Latécoère en 2017. « C’est clairement un point de satisfaction, la vitesse à laquelle nos efforts de reconquête ont payé », juge Yannick Assouad. Parmi les contrats-clefs se comptent la fourniture des harnais de trains d’atterrissage pour Héroux-Devtek, les boîtiers de commandes d’Airbus Helicopters notamment sur H175 (et l’équipementier discute pour le programme H160), les câblages des systèmes de cabines sur A320 et A350 ou encore le panneau de commutateurs et convertisseur pour les 777 d’Emirates.
Mais le plus prometteur reste l’accord signé avec Mitsubishi Aircraft Corporation en mai sur le redéveloppement complet du système d’interconnexion du MRJ. « Toute l’architecture électrique et physique est refaite pour que l’EWIS soit certifiable. Nous en sommes au plan de détail », indique Yannick Assouad, qui poursuit en indiquant que Latécoère a remporté un contrat pour l’équipement des vingt premiers avions de série et travaille à un contrat plus global sur l’ensemble des câblages.
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De bonnes perspectives pour 2018 dans les deux activités
« En 2017, nous avons eu des résultats beaucoup plus rapides qu’escompté dans la reconquête commerciale », a souligné Yannick Assouad, et 2018 s’annonce encore plus prometteuse. Dans le domaine des aérostructures, les montées en cadence des programmes A320 et 787 vont porter l’activité, de même que la stabilisation du programme E1 et sa prochaine commande. Latécoère est également en train de travailler à plusieurs autres opportunités : « tous les ans, il y a du re-sourcing de work packages existants, pour réduire les coûts ou consolider la chaîne de fournisseurs. Et on y est arrivé sur Global 7000 », souligne Yannick Assouad.
En parallèle, l’optimisation de l’empreinte industrielle va s’achever. L’activité de production des portes de 787 a réussi son transfert au Mexique, comme celle des racks de câblage des A320 au Maroc. Le site de Périole devrait être cédé dans les prochains mois, l’usine 4.0 de Montredon a démarré en février et la nouvelle installation en Bulgarie (Plovdiv) devrait faire de même dans les prochaines semaines.
En ce qui concerne les systèmes d’interconnexion, le développement devrait être plus rapide. Il s’agit en effet d’une activité qui nécessite moins d’investissements, qui l’objet d’appels d’offres plus récurrents et dont une très importante part du volume est toujours aux mains des équipementiers et des avionneurs. « C’est ce qu’on va chercher à exploiter largement dans les années qui viennent, c’est ce qu’on a fait en 2017, ça a marché tout de suite et on a énormément d’opportunités. »
D’ailleurs, un nouveau contrat a déjà été annoncé le 8 mars avec Airbus Helicopters. Latécoère va fournir des prestations « design and built » relatives au développement, à l’intégration et à la maintenance de bancs de tests systèmes pour tous les programmes de l’hélicoptériste.
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