Le premier A330neo de série a lancé sa campagne de vols d’endurance le 19 juin, en décollant de Toulouse pour Lisbonne. Cette courte première étape dans le premier grand voyage de la campagne a permis à TAP Air Portugal de présenter le futur fleuron de sa flotte à ses employés et à Airbus de présenter l’appareil et sa nouvelle cabine Airspace à la presse européenne. Le Journal de l’Aviation était à bord de ce premier vol de route proving.
La campagne est réalisée par MSN 1819 (futur CS-TUA), le premier A330-900 de production qui doit être livré à TAP Air Portugal une fois la certification décrochée (cet été). Elle compte trois voyages distincts, le premier devant l’amener au Brésil (Rio de Janeiro puis Recife et Sao Paulo) puis à Miami et les deux autres étant prévus en Asie (notamment à Kuala Lumpur, base de sa cliente AirAsia X, et Jakarta, pour Garuda) et aux Etats-Unis (pour Delta, cliente de lancement du programme).
Dans ce cadre, Airbus a indiqué que l’A330neo a accompli 80% de son programme de certification. Il a cumulé un millier d’heures de vol en 267 cycles avant le lancement de la campagne.
L’appareil intègre plusieurs nouveautés basées sur les technologies éprouvées par l’A350. Outre les nouveaux moteurs Trent 7000 de Rolls-Royce, il est doté de Sharklets qui augmentent son envergure de 4 mètres pour atteindre 64 mètres. Des optimisations ont également été apportées à l’aile pour améliorer ses performances aérodynamiques, le premier bec de bord d’attaque en composites a été redessiné, ainsi que les carénages des mécanismes de volets. L’aile n’est pas la seule concernée par les modifications puisqu’un nouveau carénage ventral supérieur a été adopté.
© Le Journal de l’Aviation – tous droits réservés
L’essentiel de l’amélioration en termes de consommation de carburant est tout de même apporté par le moteur. Le Trent 7000 permet de baisser de 11% cette consommation par rapport à l’A330ceo, quand les améliorations aérodynamiques contribuent de 4%. Au total, en tenant compte du poids accru du moteur et des modifications liées à son intégration sous l’aile, 12% de carburant sont économisés à chaque voyage.
Mais d’autres améliorations, situées cette fois à l’intérieur de la cabine, permettent d’optimiser encore les performances. Le déplacement du cabinet de toilette pour les personnes à mobilité réduite de la porte 3 à la porte 4, le réaménagement complet du galley arrière ou le déplacement du compartiment de repos pour les PNT de la porte 1 en porte 3 dans un compartiment combiné – amovible si l’A330neo est affecté à des segments courts et offrant un nouvel espace pour le transport de fret – permettent d’augmenter l’emport d’entre six et dix passagers par rapport à l’A330-300. Calculé au siège, le bénéfice en termes de consommation atteint ainsi 14%.
La version de base de l’A330neo sera certifiée à 242 tonnes de MTOW, permettant de transporter 287 passagers sur 6 550 nm (pour l’A330-900, le seul ayant des commandes pour le moment). Mais une version à 251 tonnes est déjà proposée, qui entrera en service à partir de 2020 et permettra aux compagnies de franchir jusqu’à 7 200 nm.
Airbus estime ainsi que son A330 remotorisé est parfaitement positionné pour faire face aux Boeing 787. Crawford Hamilton, le directeur marketing du programme, souligne d’ailleurs que les prises de commandes ont été égales entre ces deux programmes depuis quatre ans et le lancement du neo. Par ailleurs, il devrait bientôt profiter d’une forte vague de renouvellement de la flotte mondiale d’A330ceo, dont une quarantaine d’appareils devrait atteindre les vingt ans d’âge dès 2019. Mais le vieillissement se fera particulièrement sentir à partir de 2024. Capable d’opérer des missions courtes à haute densité comme des missions très longues avec des cabines confortables, l’A330neo serait également un candidat idéal au remplacement des 777-200ER, juge Crawford Hamilton.
L’appareil a été commandé à 214 exemplaires par treize clientes. Le plus important contrat a été conclu avec AirAsiaX pour 66 exemplaires mais Delta Air Lines et Garuda figurent également en tête de la liste, avec des accords portant respectivement sur 25 et 14 exemplaires. Iran Air avait signé pour 28 avions mais le retour annoncé d’un embargo américain a mis l’accord sur la sellette.