Latécoère arrive au beau milieu de son plan de transformation 2020. Après des années difficiles financièrement, la restructuration des activités a fait ses preuves mais continue de battre son plein. 2018 est une année où l’impact des mesures de redressement va être important, avec les coûts exceptionnels qu’entraîne l’ouverture des nouveaux sites industriels à Montredon et en Bulgarie notamment. Cela se voit d’autant plus sur les résultats que ceux-ci subissent également un change euro-dollar défavorable. Au premier semestre, l’équipementier français a ainsi vu son chiffre d’affaires se réduire de 8,45% à 320,8 millions d’euros – les deux tiers de cette baisse étant attribuables à la seule parité.
En ce qui concerne le résultat opérationnel courant, il est passé de 33,2 à 7,1 millions d’euros entre le premier semestre 2017 et le premier semestre 2018. La marge s’est dégradée, passant de 9,5% à 2,2% et le résultat net a connu la même dégringolade en chutant de 38,5 à 2,8 millions d’euros. « Nous avions anticipé une année difficile sur le plan bilanciel et nous sommes repassés en situation de léger endettement, sans mettre en péril la structure du bilan », souligne le directeur financier Sébastien Rouge, qui explique que Latécoère a subi le double impact (anticipé) de la baisse du dollar et des renégociations de contrats. « 2018 est une année pénible, où on a plus de coûts de restructuration que d’économies. Mais les coûts de mise en oeuvre vont baisser drastiquement à partir de l’année prochaine. »
La direction de l’industriel rappelle que ces résultats sont conformes aux prévisions, le groupe ayant inauguré le nouveau site de Montredon et étant toujours en train de l’équiper (les investissements continueront d’ailleurs en 2019 pour doubler la capacité de production), ainsi que l’usine de Plovdiv (qui se charge notamment des racks avioniques et de l’assemblage de structures de portes A320). Par ailleurs, bien que l’activité Interconnexions soit très dynamique et remporte régulièrement de nouveaux contrats, l’activité Aérostructures rencontre toujours les mêmes difficultés, à savoir une baisse organique liée au ralentissement des cadences sur les programmes A330, A380 et E-Jet E1.
Tout cela, Latécoère y était préparé depuis longtemps. Mais un événement imprévu est également venu grever les résultats : un fournisseur de longue date et présent sur des programmes importants a décidé de rompre son contrat car il ne s’inscrivait pas dans sa nouvelle stratégie. Latécoère a dû « réindustrialiser quelques milliers de pièces primaires et reprendre du pré-assemblage de sous-ensemble en interne », explique Yannick Assouad, directrice générale de Latécoère, ce qui aura un impact de plusieurs millions sur les finances du groupe, et ce jusqu’à novembre.
Elle est également revenue sur la stratégie d’implantation en zone best cost, précisant qu’avec la restructuration, les deux tiers des effectifs étaient désormais installés dans ces zones (République tchèque, Bulgarie, Mexique etc.). Ses yeux se tournent désormais vers l’Asie : « il faut se positionner sur l’Asie car le marché se déplace dans cette direction. » C’est dans cette optique qu’une filiale à 100% a été ouverte en Inde, à Belagavi (dans des installations provisoires, l’installation dans ses propres locaux étant prévue pour avril 2019). Yannick Assouad vient également de signer un protocole d’accord avec Future Aerospace Industry et TAI pour créer une coentreprise en Chine. L’objectif est de se positionner sur les programmes chinois, notamment sur le CR929, pour lequel Latécoère ambitionne de fournir les portes. « Le projet en Chine n’est pas pour le court terme. Mais à long terme, la Chine deviendra une puissance aéronautique. Si l’on n’est pas présent, on se fera rejeter de ce marché qui sera immense d’ici la fin du siècle. »