L’industrie aéronautique et spatiale a beau très bien se porter, elle n’arrive pas à se défaire de ses problèmes de pénurie de main d’oeuvre. Le GIFAS a de nouveau tiré la sonnette d’alarme sur les difficultés de recrutement que rencontrent ses membres et a rappelé que ses liens avec le tissu de formation restaient très importants et étaient amenés à se renforcer.
En 2018, les membres du GIFAS ont en effet réalisé 15 000 recrutements, remplaçant certes des départs mais créant également plus de 4 000 emplois nets. Au total, le secteur représente 195 000 emplois, en hausse de 2% par rapport à 2017. « L’industrie continue de générer de l’emploi mais nous continuons à avoir du mal à recruter », résume Eric Trappier, le président du GIFAS. La nouveauté se situe dans le fait que les profils d’ingénieurs sont désormais également touchés. Il réfute l’idée que les difficultés viennent du fait que l’aéronautique ne fait plus rêver. Selon lui, « l’aéronautique fait rêver, c’est l’industrie en général qui ne fait pas rêver. »
Les initiatives auprès des écoles, des étudiants (et de leurs parents) sont donc appelées à se renforcer. Les soutiens aux formations aéronautiques et spatiales vont se poursuivre, notamment auprès de l’ISAE, de l’ENAC pour les ingénieurs, et sur des métiers spécifiques en tension. Les événements pour faire connaître les métiers et les formations sont appelés à se multiplier, à l’image de l’Avion des métiers.
L’apprentissage doit rester une priorité et le nombre de jeunes en alternance a déjà augmenté de 7% en 2018 pour atteindre 7 300 alternants – un nombre que la filière s’est engagée à augmenter de 50% d’ici cinq ans dans le cadre de l’EDEC (Engagement pour l’emploi et le développement des compétences) du contrat stratégique de filière aéronautique signé en décembre 2018.
Un autre objectif de cet EDEC est d’aider les PME et ETI à recruter pour soutenir les montées en cadences des grands programmes et les soutenir dans leur transition numérique. Car, comme Christophe Cador, le président du Comité Aéro-PME, le rappelle : « pour une PME, en région, recruter un ingénieur ou un compagnon est un choix stratégique très important. Et il est difficile de lutter face à la forme de confort que peuvent offrir les grands groupes. » Pourtant les besoins sont là : « certaines PME ne livrent pas leurs produits parce qu’il leur manque du monde. »
Patrick Daher, président du GEAD (Groupe des Équipements Aéronautiques et de Défense), souligne d’ailleurs que « les PME créent autant d’emplois que les équipementiers. » Le fléchissement dans les effectifs observé ces trois dernières années, bien plus marqué chez les équipementiers que chez les PME, a touché son palier en 2016 et la tendance est désormais de nouveau à la progression – les deux groupes ont créé plus de 2 600 emplois nets en 2017.
Mais cela ne suffit pas. D’où ce constat d’Eric Trapier : « ne pas réussir à recruter dans un pays avec un tel taux de chômage est un paradoxe qu’il va nous falloir lever. »