ITT, avec ses filiales Enidine et Aerospace Controls, a profité de la vitrine qu’offre le salon du Bourget pour présenter l’ensemble de ses produits aéronautiques et connecteurs, et ses nouveautés. La société américaine, habituée des salons même les plus spécialisés, a ainsi pu exposer le panel de ses solutions, notamment pour les hélicoptères, domaine sur lequel elle se développe. Mais plusieurs éclairages ont également été apportés sur les solutions de confort en cabine, réduction du bruit et compartiments à bagages.
Si le chiffre d’affaires annuel des activités aéronautiques du groupe est resté plutôt stable en 2018, le premier trimestre 2019 a été le témoin d’une augmentation de 15% de ce chiffre d’affaires et de 13% des prises de commandes, portée notamment par le secteur hélicoptère, le portefeuille de produits composites et la force de la demande en composants militaires.
Une spécialisation sur l’atténuation du bruit
L’une des spécialités d’ITT est l’atténuation du bruit, que ce soit en cabine ou à l’extérieur. Le groupe présentait ainsi ses silencieux – que l’on retrouve en sortie d’APU ou en ligne dans les tuyauteries dans lesquelles l’air circule et qui permettent d’absorber une partie du bruit – et ses plenums – composants en composites qui permettent de redresser les flux d’air au niveau des entrées et sorties d’air de l’APU ou des turbopropulseurs.
En cabine, il s’agit par exemple de créer une isolation avec l’installation d’un dispositif en caoutchouc taraudé au niveau où les panneaux cabine sont vissés à la structure du fuselage, ce qui désolidarise mécaniquement ces panneaux et la structure et évite la transmission des vibrations de l’avion vers la cabine.
Cette expertise dans l’atténuation du bruit est reconnue de longue date et a fait d’ITT un fournisseur-clef de Boeing, comme nous l’explique Christophe Rouzot, Regional Aerospace Sales Manager d’ITT : « quand Boeing a lancé le 787, il a confié à ITT le travail d’analyse pour déterminer les meilleurs produits pour avoir la cabine la plus silencieuse possible tout en proposant – et c’était nouveau pour nous – des pièces uniquement en composite. » ITT travaille sur tous types de matériaux et développe notamment ses propres élastomères en interne pour qu’ils aient les performances qui correspondent exactement aux attentes ou ses propres matériaux absorbants phoniques (comme l’AcoustiFlow).
Son succès sur ce domaine du bruit l’a également poussé à se tourner, plus récemment, vers le domaine des hélicoptères : « L’hélicoptère est un excellent générateur de vibrations, avec des problématiques à résoudre autour du moteur, de la transmission, du rotor principal, du rotor de queue, des pales… » Cela fait trois ans que le groupe a massivement investi en R&D pour développer de nouveaux produits, apporter de l’innovation et prendre des parts de marché sur ce secteur. Et cela a porté ses fruits : « nous avons été certifiés sur le Bell 505. »
Une expertise sur les casiers à bagages
ITT est également positionné depuis longtemps sur le domaine des coffres à bagages. « Nous avons commencé à travailler sur les casiers à bagages pour remplacer, chez les compagnies aériennes, des vérins à gaz qui permettent d’ouvrir les portes des casiers lorsqu’on les déverrouille. L’inconvénient de ces pièces est qu’elles contiennent du gaz sous pression. Au fil du temps et des manoeuvres, le gaz s’échappe et la porte ne s’ouvre plus correctement. C’est aussi très sensible à la température. Nous avons remplacé cela par des produits purement mécaniques avec une régulation hydraulique de la vitesse, qui ont une durée de vie dépassant les 250 000 cycles. » Par la suite, l’industrie a adopté les casiers à bagages qui descendent. ITT a alors développé des actionneurs qui permettent de réguler la vitesse de descente, puis d’autres qui permettent de la maintenir à la même valeur que le casier soit plein ou vide, puis une solution, le Lift Assist, qui aide à remonter le casier pour limiter la charge des PNC et limite la force manuelle nécessaire à moins de 11 kg… « Nos ressources engineering internes sont capables d’innover constamment pour être plus proches du marché et pouvoir proposer des solutions innovantes », résume Christophe Rouzot.
La même philosophie se retrouve dans l’activité des actionneurs de sièges (qui permettent de modifier l’inclinaison du dossier). ITT a remplacé les technologies de vérins à gaz par des produits purement mécaniques à durée de vie accrue (toujours plus de 250 000 cycles), ce qui a permis des réductions de coûts pour les opérateurs : sur le prix du vérin (en espaçant les remplacements) et l’immobilisation de l’appareil pour réaliser les opérations de remplacement. Puis le souci d’amélioration des performances en termes d’espace et de poids s’est invité, obligeant ITT à optimiser ses systèmes au fur et à mesure. « Aujourd’hui, je pense que nous avons le vérin de siège le plus léger et le plus compact du marché tout en conservant les performances d’endurance », affirme le directeur régional des ventes Aerospace.
ITT a des solutions pour beaucoup d’autres systèmes de l’avion : gestion des fluides (air, eaux propre et usées, carburant), tuyauterie, réchauffeurs, dégivrage, pompes, valves… Et la société travaille presque avec tout le monde. « Nous travaillons avec tous les fabricants d’avion, un petit peu moins les Russes puisque nous sommes américains, encore que nous ayons du contenu sur le Superjet. » Fabriquant uniquement des équipements et des composants, pas de systèmes, ITT est parfois Tier 1 (par exemple auprès de Boeing sur les systèmes carburant), souvent Tier 2, et présent dans tous les domaines : avions commerciaux, avions d’affaires, aviation générale, aviation militaire, bombardiers d’eau (notamment le 747), missiles et même spatial – « si la station spatiale internationale est si silencieuse, c’est parce qu’il y a un silencieux ITT », plaisante Christophe Rouzot.
Plusieurs sites abritent les activités liées à l’aéronautique, les principaux étant ceux de Valencia (Californie) et Buffalo (New York). D’abord ouverte pour l’activité connecteurs (qui concerne aussi la partie aéronautique), l’usine mexicaine de Nogales s’occupe également des produits manufacturés de la division Environnemental Control Systems (produits en composites, les flexibles) dans une optique de réduction des coûts. ITT a également une activité de réparation de ses composants.