Après les alertes lancées par Airbus et les marchés sur sa trésorerie, Figeac Aéro a décidé de faire évoluer sa stratégie. Le sous-traitant aéronautique qui affiche une croissance presque insolente depuis plusieurs années a décidé de la ralentir légèrement pour préserver ses performances financières. « Mais nous voulons garder notre ADN de forte croissance donc nous allons continuer à beaucoup vendre », rassure Jean-Claude Maillard, fondateur et PDG de la société. Figeac Aéro a deux idées pour y parvenir : être plus sélectif sur les contrats (et s’autoriser à refuser ceux demandant trop d’investissements) et, surtout, recourir à la sous-traitance à son tour.
« Il est très probable qu’une partie de la croissance ira en sous-traitance. Nous profiterons de nos implantations fortes dans les pays low-cost pour avoir notre propre réseau de sous-traitance en Tunisie, au Maroc, au Mexique », annonce Jean-Claude Maillard, qui aime voir sa société grossir mais doit composer avec les exigences de ses investisseurs et surveiller ses dépenses de plus près. Pour les rassurer, Figeac Aéro a en effet dû se contraindre à limiter ses investissements annuels à environ 75 millions d’euros (pour un chiffre d’affaires de 428 millions d’euros en 2018-2019).
Le recours à la sous-traitance répondra à deux problématiques : cette limitation et l’imminence du moment où les usines tourneront à pleine capacité. « Nos usines ne sont pas encore saturées mais elles le seront d’ici deux ans. Nous ne sommes pas sûrs de pouvoir libérer des capacités suffisantes en investissant ni de pouvoir investir suffisamment pour assurer la croissance que peut nous offrir le marché aujourd’hui. » Le choix s’est donc imposé de lui-même : « nous allons essayer de ne pas nous priver de la croissance que le marché nous offre et de compléter les moyens de production avec des moyens en externe et d’acheter. »
« Nous commencerons par externaliser des produits que nous faisons déjà c’est-à-dire créer une double source pour pouvoir arrêter la production à tout moment si nous avons fait de mauvais choix », explique le PDG de Figeac Aéro. Mais la société connaît ses prestataires potentiels, qualifiés et performants, et sait qu’il y a beaucoup d’opportunités à saisir. « Nous voyons que les donneurs d’ordres travaillent avec un nombre limité de sous-traitants de plus en plus gros. Nous avons donc de la place pour sous-traiter des prestations à des sociétés qui n’ont pas la taille critique pour travailler en direct avec des donneurs d’ordre mais qui l’ont pour faire des pièces d’avion, être compétitifs et devenir nos sous-traitants à nous. »
La croissance du chiffre d’affaires de Figeac Aéro a connu une moyenne de 22% par an depuis 2013, avec une marge opérationnelle toujours élevée. En 2018-2019, le chiffre d’affaires a augmenté de « seulement » 13,6% et la marge a gardé ses niveaux antérieurs à 18,1%. Cette année, la société a également réussi à renouer avec des flux de trésorerie positifs, conformément à ses prévisions et à ce qu’attendait le marché. Les investissements, toujours très importants à 81,8 millions d’euros cette année, représentent toutefois une part moindre du chiffre d’affaires.
Au-delà de cette veille quant à la trésorerie et ses conséquences, les objectifs de Figeac Aéro restent inchangés : renforcer sa position de leader en Europe, poursuivre son expansion en Amérique du nord – et y doubler son chiffre d’affaires à court terme grâce aux 200 millions de dollars de contrats remportés ces dix-huit derniers mois avec Boeing, Triumph, Mitsubishi Canada, Bombardier (sur le Global 5000) – et se développer davantage en zone best-cost.
Figeac Aéro ne s’inquiète pas pour l’année à venir et estime que ses prises de contrat lui permettront de compenser les baisses de cadences de production sur les programmes A380 et CRJ, le ralentissement sur l’A350 qui « n’a pas tout à fait tenu ses objectifs de croissance pour 2020-2021 » et l’incertitude liées au Boeing 737 MAX – Figeac Aéro est très présent sur le LEAP, qui ne connaît pas, pour le moment, de réduction de cadences.