Alors que la filière de production de biocarburants aéronautiques est lancée en Californie depuis plusieurs années, que KLM et British Airways ont décidé de soutenir le développement de ces SAF (Sustainable aviation fuels) dans leur pays respectif, la France a fait un pas dans la même direction. Elisabeth Borne, ministre de la Transition écologique et solidaire, et Jean-Baptiste Djebbari, secrétaire d’Etat chargé des Transports, se sont rendus à Toulouse le 27 janvier pour lancer un appel à manifestation d’intérêt (AMI) et faire émerger une filière française.
Il s’agit de la première étape de la feuille de route du gouvernement en la matière. Faisant suite aux travaux initiés par le gouvernement avec Air France, Airbus, Total, Safran et Suez après la signature de l’Engagement pour la croissance verte (ECV) en décembre 2017, cet AMI doit permettre d’identifier les projets d’investissement dans des unités de production et les mesures d’accompagnement et d’incitation pour accélérer leur développement.
L’objectif est de « mobiliser des volumes nécessaires de matières premières vers le secteur de l’aérien qui ne dispose pas d’alternatives technologiques à ce stade », diversifier les sources de production (ressources durables et/ou issues de l’économie circulaire), faire en sorte qu’ils s’intègrent dans les circuits actuels de distribution et garantir la poursuite de la recherche dans le domaine. Des mécanismes incitatifs devraient accompagner ce travail pour assurer la viabilité économique des projets.
Outre l’exigence de sécurité, un accent particulier va être mis sur le contrôle de la durabilité (environnementale et socio-économique) des ressources : « Le déploiement de ces biocarburants doit être associé à des exigences environnementales fortes pour assurer des gains réels d’émissions de CO2 », insiste le ministère.
Le gouvernement a calé son calendrier sur celui de l’IATA et espère que les biocarburants durables d’aviation remplaceront 2% du kérosène en 2025, 5% en 2030 et 50% en 2050. Solution qui ne peut être viable seule qu’à court terme, leur utilisation permet en effet de réduire les émissions de CO2 de 80%. Mais aujourd’hui, leur part est marginale en raison de l’absence de filière réellement développée et, par conséquent, de leur prix d’achat au moins deux à quatre fois plus élevé que le carburant fossile. « La rentabilité économique des filières est déterminante et constitue l’un des freins actuels au déploiement à grande échelle de ces produits. Dès lors, le déploiement en France devra assurer la viabilité économique de l’ensemble des acteurs de la filière, sans entraîner de surcoût excessif du carburant d’aviation ni de phénomène d’évitement des plates-formes aéroportuaires françaises », reconnaît Elisabeth Borne.
La feuille de route du gouvernement et de ses partenaires privés devra par ailleurs être cohérente avec les initiatives européennes et mondiales, comme le Green Deal et CORSIA.