Au milieu des nouvelles de réduction des cadences, de reports de livraisons et de mauvaise passe financière, Boeing a redonné un peu de couleurs au ciel de Seattle en faisant voler pour la première fois son deuxième 777-9. L’appareil, immatriculé WH002, est resté près de trois heures dans les airs le 30 avril, avec les capitaines Ted Grady, pilote du projet 777X, et Van Chaney, chef-pilote en charge des programmes 777/777X, aux commandes.
Il va désormais accompagner WH001 dans le programme d’essais en vol. Le premier appareil, qui avait réalisé son vol inaugural le 25 janvier, approche désormais la centaine d’heures de vol et a démontré sa navigabilité initiale. WH002 doit se concentrer sur les évaluations de diverses performances de l’appareil, notamment ses caractéristiques de maniabilité. Deux autres 777X doivent rejoindre le programme d’essais en vol.
Ce premier essai intervient quelques jours après la reprise des activités de production dans les installations de la région de Seattle le 20 avril, suspendues le 25 mars en raison de la pandémie de covid-19. Il a également eu lieu le lendemain de l’annonce de la réduction des cadences de production sur le programme 777 (entre autres), faite par le CEO de Boeing, David Calhoun. Elles passeront de cinq à trois appareils par mois à partir de 2021 et une ré-accélération de la production sera étudiée avec prudence par la suite.
Le programme rencontre en effet tout de même des difficultés lui aussi. Après avoir subi des problèmes de production en interne et sur les moteurs GE9X de General Electric, Boeing a dû se résoudre à reporter la date de mise en service à 2021, d’autant que les affaires autour de la certification du 737 MAX risquent de rendre la FAA plus tatillonne envers celle des 777-8 et 777-9.
La crise actuelle pourrait également clairsemer son carnet de commandes, rendant les compagnies aériennes réticentes à investir massivement dans des gros-porteurs, surtout avec les perspectives très pessimistes de reprise du trafic. Celui-ci a d’ailleurs déjà commencé à s’éroder petit à petit : avec 309 appareils en commande ferme, il en a perdu 35 en net depuis l’été dernier (ceux d’Emirates). Or l’avenir de l’engagement d’Etihad pour 25 exemplaires est très incertain (la compagnie souhaiterait n’en conserver que six) et Lufthansa pourrait décider de reporter la livraison des siens pour intégrer rapidement de nouveaux 777F.