Après avoir redonné une once d’optimisme à l’aura du programme 737 MAX avec la reprise de la production et l’imminence d’un vol avec la FAA, Boeing a de nouveau tempéré l’enthousiasme. Spirit AeroSystems, qui fournit notamment le fuselage de l’appareil, a en effet reçu la consigne de suspendre la production engagée sur quatre appareils et de ne pas débuter celle sur seize autres avions jusqu’à nouvel ordre. Les vingt lots devaient initialement être livrés à l’avionneur cette année.
Spirit AeroSystems souligne que cette mesure doit permettre à Boeing de mieux adapter sa production aux prévisions de livraisons à court terme, grevées par la crise sanitaire et économique, qui a rendu ses clientes bien moins pressées de recevoir leurs monocouloirs. Il compte ainsi éviter des dépenses inutiles de production, alors qu’il est lui-même en difficulté.
Lors de la publication de ses résultats trimestriels au début du mois de mai, Spirit AeroSystems avait indiqué que son accord avec Boeing prévoyait la livraison de structures pour 125 appareils en 2020. Il estime désormais que la réduction sera bien plus importante que les vingt unités qui viennent de lui être notifiées, même s’il ne peut pas encore en indiquer l’ampleur. Au premier trimestre déjà, seuls dix-huit « shipsets » avaient été livrés, contre 152 à la même période en 2019, conséquence de l’immobilisation persistante du 737 MAX et de la suspension de la production durant les cinq premiers mois de l’année.
L’équipementier américain va donc devoir procéder à de nouveaux ajustements de ses effectifs et a décidé de placer certains employés travaillant sur le programme à Wichita, en production ou dans le soutien, en chômage partiel ou congé sans solde sur une période de 21 jours calendaires à compter de la semaine prochaine. Des réductions du temps de travail sont également mises en place à Tulsa et McAlester. Spirit espère pouvoir rapidement se reposer sur un plan de production définitif pour assurer une certaine stabilité à cette part de son activité.
Boeing avait doucement relancé la production le 27 mai à Renton. La cadence était déjà annoncée comme très restreinte – plusieurs centaines d’avions ont été produits en 2019 et auraient demandé plusieurs mois pour être livrés dans un contexte hors-crise – mais l’avionneur prévoyait le retour à une cadence de 31 appareils par mois en 2021.
Alors que le travail de recertification avec la FAA se poursuit, un vol de validation des modifications apportées, notamment au logiciel anti-décrochage MCAS, est prévu ce mois-ci et pourrait permettre un retour en vol cet automne.